14/02/2024 : Réception d’Alain Mabanckou comme membre d’honneur

A l’invitation conjointe de Dominique Pierrelée, Chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, et de Joanna Rolland, Maire de Nantes, Alain Mabanckou, écrivain, poète et enseignant franco-congolais, sera reçu comme membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Cette manifestation associe l’académie et la Maison de l’Afrique de Nantes. Sa présentation sera effectuée par Henri Copin.

Alain Mabanckou a remporté en 2006 le prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic. Il a reçu en 2010 le prix Georges Brassens pour Demain j’aurai vingt ans, en 2012 le Grand prix de littérature Henri Gal atttribué par l’Académie française et en 2013 le prix Pierre de Monaco, décerné par la principauté de Monaco, pour l’ensemble de son oeuvre.
Dès 1998, son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge, le révèle au public et inaugure une oeuvre littéraire de prose et de poésie.

  • 1966 : Naissance à Pointe-Noire, au Congo ;
  • 1989 : Vient étudier en France le droit des affaires à l’université Paris-Dauphine ;
  • DEA de droit : travaille dix ans comme conseiller juridique à la Lyonnaise des Eaux ;
  • 1998 : Publie Bleu-blanc-rouge (collection Présence Africaine), Grand Prix littéraire de l’Afrique noire ;
  • 2002 : Écrivain en résidence, enseigne la littérature francophone à Ann Arbor (Michigan USA) ;
  • 2006 : Embauché par l’université de Californie ;
  • 2006 : Prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic ;
  • 2011 : Publie Ecrivain et oiseau migrateur évoquant l’inquiétude de l’itinérance qui « fonde toute démarche de création » ;
  • 2012 : Grand Prix de l’Académie française pour l’ensemble de ses romans et essais ;
  • 2013 : Rend hommage à ses parents dans Lumière de Pointe-Noire ;
  • 2012 : Publie Le sanglot de l’homme noir ;
  • 2015 : Remet à New York le prix Courage et Liberté d’expression organisé par l’association mondiale d’écrivain PEN au journal Charlie Hebdo ;
  • 2021 : Dirige la collection Points Poésie.

Henri Lopes, 1937-2023, écrivain, diplomate, homme politique, directeur adjoint de la Culture à l’UNESCO, Membre d’Honneur 

Titulaire de la Chaire de création artistique 2015-2016 au Collège de France (premier écrivain à bénéficier d’une telle invitation), la leçon inaugurale d’Alain Mabanckou s’intitule « Lettres noires : des ténèbres à la lumière ». Il déclare à cette occasion : « Je ne rentre pas tout seul au Collège de France, je rentre avec la voix de Senghor, avec la voix de Césaire, de Sony Labou Tansi ».

« Si l’écrivain écrit aujourd’hui en toute indépendance,
il ne devrait pas perdre de vue que, bien avant lui,
des femmes et des hommes de courage ont versé leur sang pour ce droit aujourd’hui de plus en plus menacé : la liberté d’expression. »

Alain Mabanckou

14/12/2023 : Séance de l’Académie à la Mairie de Nantes

Dans le décor Art déco de la salle Paul Bellamy de l’hôtel Rosmadec, dans l’enceinte de la mairie de Nantes, s’est tenue mardi 14 décembre à 18h00 la séance solennelle de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire venant clore l’exercice 2023.

Une soirée marquée principalement par la présentation du cahier 2024, œuvre collective rituelle de l’académie, et par l’intronisation d’un nouveau membre.

Dominique Pierrelée, chancellier de l’académie
(Photo Xavier Ménard)

L’ouverture de la séance fut marquée par le mot d’accueil traditionnel prononcé par Dominique Pierrelée, qui évoqua l’importance de ce rendez-vous rituel de fin d’année. En réponse à son propos et au nom de la municipalité nantaise qui accueillait en ses lieux l’académie, Michel Cocotier, conseiller municipal, représentant Madame Johanna Rolland, Maire de Nantes, tint à souligner dans son propos la qualité et la force des liens particuliers qui se sont tissés à travers le temps entre la municipalité et l’académie en raison de l’action menée par cette dernière en faveur de la littérature en particulier et de la francophonie en général.

Michel Cocotier, conseiller municipal, représentant Madame le Maire de Nantes, Johanna Rolland (Photo Xavier Ménard)

Puis Patrick Barbier, vice-chancelier, orchestrateur des interventions, prit le relais pour annoncer les différents temps forts de la soirée. Jean-Yves Paumier, chancelier d’honneur, rappela la carrière littéraire exceptionnelle d’Amin Maalouf, membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, élu le 28 septembre 2023 secrétaire perpétuel de l’Académie française, où il avait été admis le 23 juin 2011. Né à Beyrouth dans une famille d’intellectuels libanais, il fit des études d’économie et de sociologie, avant de couvrir – comme journaliste – de nombreux évènements à travers le monde. A ce titre, il fut à titre d’exemple le témoin de la chute de la monarchie éthiopienne en septembre 1974, ou de la dernière bataille de Saigon, en avril 1975.

Jean-Yves Paumier évoquant Amin Maalouf
(Photo Xavier Ménard)

Etabli en France en 1976, Amin Maalouf fut rédacteur en chef de Jeune Afrique avant de se consacrer à l’écriture et de connaître un premier succès de librairie en 1986 avec Léon l’Africain. Prix Goncourt 1993 pour Le rocher de Tanios, il évoqua dans cet ouvrage les montagnes libanaises de son enfance. En 1998 le prix européen de l’essai lui fut attribué pour Les Identités meurtrières, et en 2010 il obtint le prix Prince des Asturies des Lettres pour l’ensemble de son œuvre. Suivra une œuvre abondante marquée par l’empreinte de la guerre civile et de l’immigration. Parmi les auteurs qui exercèrent sur lui une empreinte, il reconnait une double influence : celle d’auteurs occidentaux comme Thomas Mann, Albert Camus, Léon Tolstoï, Marguerite Yourcenar, Charles Dickens, Stefan Zweig, d’une part, et celles d’Omar Khayyam comme de la poésie de langue arabe d’autre part.

En hommage au nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française, un court intermède musical proposa au public présent un extrait de Beirut, l’une des compositions musicales d’Ibrahim Maalouf, neveu de l’académicien, musicien et compositeur. Il fut rappelé à cette occasion que le père de ce dernier, Nassim Maalouf (frère d’Amin), lui-même compositeur réputé, fut l’inventeur dans les années 1960 de la trompette à quatre pistons (dite « microtonale ») permettant d’interpréter avec cet instrument les quarts de ton typiques des tonalités de la musique arabe.

De gauche à droite : J.-Fr. Caraës, E. Fonteneau, Cl. Giraud-Labalte, M. Germain
(Photo Xavier Ménard)

Présentation du cahier 2024 de l’académie

Patrick Barbier annonça ensuite la présentation du cahier 2024 de l’académie, assurée conjointement par Claire Giraud-Labalte, Eric Fonteneau, Jean-François Caraës et Michel Germain.

En introduction Claire Giraud-Labalte présenta les raison qui présidèrent au choix de la thématique européenne pour la présente édition : « Ce Cahier 2024 nous fait voyager de multiples manières, dans l’espace et le temps, l’imagination et l’invention, élargit notre horizon. Tout un monde se découvre : des Européens chez nous ; des artistes de toutes disciplines au-delà des frontières ; l’empreinte de l’Europe sur nos paysages. De même une série de portraits, de parcours individuels qui tendent des lignes vers divers pays et partagent leurs réflexions, nous relient à d’autres langues, à d’autres expressions, de l’Espagne à la Suède, de la Lituanie à l’Allemagne en passant par l’Italie, etc. »

Jean-François Caraës, coordonnateur de l’ouvrage et rouage essentiel de la préparation de ce dernier, aborda ensuite la structuration du cahier en différentes parties, expliquant les contributions respectives de chacun.

Cahier 2024 de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire
Échanges entre Bretagne Pays de la Loire et Europe

Des Européens chez nous

  • Concert des nations en Baie de Bretagne
    (Dominique Pierrelée)
  • De Ouessant à l’Oural : des Bretons en Europe, et vice-versa
    (Annie Ollivier)
  • Les Polonais de Couëron
    (Colette Le Lay)

L’art au-delà des frontière

  • Avec David d’Angers sur les chemins de l’Europe
    (Jacques Boislève)
  • Etienne Destranges, l’ambassadeur nantais de Bayreuth
    (Patrick Barbier)
  • Le prix de Rome
    (Vincent Rousseau)

L’Europe dans le paysage

  • Wisslick Komelick – Noirmoutier, laisses d’Europe sur île atlantique
    (Henri Copin)
  • Clisson, un parfum d’Italie
    (Claire Giraud-Labalte)
  • Les influences européennes de Thomas Dobrée pour son palais nantais
    (Jean-François Caraës)
  • Un palais italien à Varades, la demeure de François Briau (1812-1890)
    (Claire Voisin-Thiberge)
  • Regards croisés sur le Port du Bec, « petit port chinois » et la Algameca Chica, « Shangaï carthaginoise »
    (Xavier Noël)

Portraits et rencontres

  • Juan José España, un Franco-espagnol, compagnon de l’Ordre de la Libération
    (Noëlle Ménard)
  • Jörg Bong : L’europhile aux deux visages
    (Michel Germain)
  • Nantes, l’Europe, la Culture – Six portraits de personnalités ligériennes des arts, de la pensée et du spectacle
    (Michel Valmer)
  • Lotta Lekvall, une Suédoise à Nantes et dans les Pays de la Loire
    (Claire Giraud-Labalte)
  • Là-bas, la Baltique / Ten toli Baltija
    (Claire Giraud-Labalte)
  • Françoise Thyrion « La langue française est mon pays. »
    (Ghislaine Lejard
  • Trois femmes russes
    (Annie Ollivier)
  • Les racines grecques
    (Vincent Rousseau)
  • Nantes, l’Europe… et un petit coin de Saintonge
    (Philippe Josserand)

Excursion en pays de Retz

  • Trajectoires
    (Dominique Pierrelée)
  • Les Gondi et le cardinal de Retz
    (Jean-Louis Liters)
  • 10 septembre 1793 en pays de Retz, entre histoire et littérature
    (Jean-François Caraës)
  • Brains, de Jules Verne à Dos Passos
    (Jean-Yves Paumier)
  • De Pornic à la Magistère, sur les traces de Maurice Orliac
    (Michèle Chaillou, Marie-Laure Prévost)
  • Les souvenirs de l’enfant du lac
    (Vincent Rousseau

Nantes en francophonie

  • Littératures en français ; les nouveaux espaces
    (Henri Copin
  • « Je voyage dans une langue, le français » – Patrick Navaï
    (Ghislaine Lejard
  • Yvan Navaï, interprète et compositeur, poly-instrumentiste
    (Ghislaine Lejard
  • Jouer avec les mots
    (Jean Amyot d’Inville)

Dans le rétroviseur

Ils nous ont quittés

  • Pour Malika Pondevie (P. Josserand)
  • Malika la morisque (Noëlle Ménard)
  • Malika au galop (Henri Copin)

Réceptions de nouveaux membres

  • Colette Le Lay, une femme scientifique engagée (Jean-Louis Liters, Annie Ollivier)
  • Claire Voisin-Thiberge (Noëlle Ménard, Jacques Boislève)
  • Alfred Gambou (Henri Copin)

Quand on parle de l’Académie

  • L’Académie se déplace dans le département : à Ancenis, au Croisic
  • L’Académie au Palais Garnier
  • Dévoilement des plaques M. Chaillou, Y. Cosson et H. Cadou

Remises des prix de l’Académie

  • Prix de l’Académie 2023 à Pierre Adrian (présentation de Michel Germain)
  • Prix Jules Verne 2023 (présengtation de Christian Robin)
  • Prix Yves Cosson 2023 de poésie (Henri Copin)
  • Prix de Loire-Atlantique 2023 (Jean-François Caraës

Intermède européen : Propos de Pilar Martinez-Vasseur

Michel Valmer et Pilar Martinez-Vasseur
(Photo Xavier Ménard)

A l’invitation de Michel Valmer, Pilar Martinez-Vasseur, directrice du Festival de Cinéma espagnol de Nantes depuis 1990, prit la parole. Membre de l’académie, spécialiste en histoire et civilisation espagnole contemporaine, professeur émérite au Département d’Études Hispaniques de l’Université de Nantes, elle évoqua avec ferveur la richesse que lui procure sa double culture française et hispanique.

Présentation de Gaëlle Péneau

Patrick Barbier annonça ensuite la présentation d’un nouveau membre de l’académie, Gaëlle Péneau. Née à Nantes en 1952, architecte de formation, elle fut notamment membre fondateur et co-gérante de l’agence GPAA, membre correspondant national de l’Académie d’Architecture française, vice-présidente de la Maison régionale de l’architecture des Pays de Loire à Nantes, et architecte conseil de la Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques (MIQCP)

Michel Germain expliqua en préalable que l’intéressée avait accepté de de se plier de bonne grâce au jeu consistant à se présenter au travers de sept images (choisies par elle), évocatrices de lieux, d’évènements, de personnes importantes dans sa trajectoire personnelle. Evoquant en premier lieu la couverture du n°96 de la revue 303 de novembre 2008, Gaëlle Péneau rappela la présence en couverture de cette publication de la formule de Louis Aragon « Né à Nantes comme tout le monde », faisant écho à ses propres origines. Surtout, la revue exprimait le lien fort qu’elle éprouve pour Jacques Cailleteau, fondateur de la revue. Conservateur régional de l’inventaire des richesses artistiques de la France, au sein de la DRAC des Pays de la Loire, ce dernier l’embaucha à mi-temps pour relever les plans d’édifices faisant l’objet d’une campagne d’inventaire. Elle avait 20 ans. Ce fut sa première expérience professionnelle.

Gaëlle Péneau
(Photo Xavier Ménard)

L’image suivante, représentant l’extrait d’un inventaire topographique, se réfère à la campagne de relevés auquel elle participa en 1983 dans le canton de La Ferté-Bernard. A la faveur de cette image, elle rappela qu’un dessin d’architecture est avant tout une vision de l’espace. En apprenant à dessiner des plans, elle apprit à regarder l’architecture. « En architecture le dessin est utilisé pour communiquer, il est donc bien une forme de langage qui a ce double rôle de faciliter le processus de conception lui-même et de partager avec d’autres les idées développées au cours de ce processus ».

Succéda l’image d’un paysage associant, dans une même perspective, la terre et la mer, dans un contre-jour, occasion de rappeler la traversée qu’elle fit en juillet 2021 de la Bretagne, d’est en ouest, depuis la forêt de Paimpont jusqu’à la pointe du Toulinguet (presqu’île de Crozon). Deux cents kilomètres effectués à pied, clin d’œil à l’académie « de Bretagne » mais surtout à Par les champs et par les grèves, le récit du voyage effectué en 1847 en Bretagne par Gustave Flaubert et Maxime du Camp, dont elle emprunta une partie de l’itinéraire.

Par un changement total de perspective, la vue suivante substitua à la Bretagne un paysage urbain lisse et net, quasi géométrique, au centre duquel se trouve un bâtiment doré, comme un point d’orgue. Il s’agissait du théâtre 95 de Cergy, scène nationale et centre des écritures contemporaines de Cergy-Pontoise, l’une de ses réalisations en tant qu’architecte. Le choix de cet ouvrage représentatif du métier qu’elle a exercé, s’imposait en ce sens qu’il parle de textes, de théâtre, et forcément de littérature. Le lieu fit l’objet d’une publication dont l’introduction fut rédigée par Claire Guezengar, romancière française mais aussi bretonne, née en 1972 à Lesneven et décédée en 2014 à Roscoff, à laquelle elle rend hommage.

Nouvelle image, celle du Régistan à Samarcande, sur la Route de la Soie. Rappelant le récent voyage qu’elle a effectuée en Ouzbékistan, Gaëlle Péneau rappela la propension, dans notre civilisation occidentale, consistant à regarder vers l’ouest, alors que sa préférence personnelle se tourne vers l’est « où l’aventure me paraissait toujours plus extraordinaire et l’inconnu toujours plus vaste ». Raison pour laquelle elle étudia le russe au lycée en seconde langue, ce qui était peu courant dans les années 1960. A la lecture des grands écrivains russes, elle fut « enchantée par la musique de la langue qui me transportait dans un monde de troïkas, de cosaques, de Tsars, de steppe, de révolutions, de goulags, d’histoires tragiques et pathétiques ».

L’image suivante montra à l’écran la couverture de l’ouvrage De la Renaissance au XXe siècle, l’art de lire, publié par la Réunion des Musées nationaux en 2017. Y figure une représentation de « La liseuse », une œuvre de Jean-Jacques Henner. Expliquant son choix, Gaëlle Péneau précisa qu’avec le temps et au moment où la pratique de l’architecture n’est plus l’essentiel de ses préoccupations, la littérature et l’écriture ont pris une plus grande place dans son quotidien. Pour elle : « Écrire un livre c’est un peu comme concevoir un projet : il nait, il avance sur un chemin qui est le sien, sans réelle préméditation, et tout en cheminant il croise des aventures, s’inspire des influences, du site, des gens, dans une temporalité incroyablement discontinue où la narration a toute son importance. Dans le cadre d’un projet architectural la narration est faite de rencontres, de matières, de motifs, de couleurs, de volumes, de lumières. »

Enfin, en conclusion de cette évocation imagée, Gaëlle Péneau choisit de faire apparaître à l’écran un aperçu de l’infiniment grand, en l’occurrence une vue de Laniakéa, ce superamas de galaxies dans lequel se situe notre Voie lactée, découvert en 2014 par une équipe internationale d’astrophysiciens. Fascinée par l’astrophysique, Gaëlle adhère à l’expression d’Hubert Reeves « Nous sommes tous des poussières d’étoiles » qui nous incite à comprendre avec humilité « que nous ne sommes rien de plus que des assemblages d’atomes, de brèves structures temporaires dont les composants ont servi à fabriquer d’autres structures avant nous et prendront d’autres formes après notre mort. »

Remerciant Gaëlle Péneau de s’être livré avec spontanéité et implication au jeu de la vérité exprimé par ces images, Michel Germain concluait la présentation en lui souhaitant la bienvenue et en lui dédiant cette formule de Daniel Pennac, dans Comme un roman « L’homme construit des maisons parce qu’il est vivant, mais il écrit des livres parce qu’il se sait mortel. Il habite en bande parce qu’il est grégaire, mais il lit parce qu’il se sait seul ». Il lui semblait que l’expression pourrait lui correspondre en raison de ce qu’elle venait de livrer sur elle-même.

L’assistance
(Photo Michel Germain)

Il revenait ensuite à Michel Cocotier, en sa qualité de représentant de Madame le maire de Nantes, de remettre au nouveau membre la médaille de la ville de Nantes.

Intermède européeen : Propos de Françoise Thyrion

Un nouvel intermède européen, proposé par Michel Valmer, donnait la parole à Françoise Thyrion, co-directrice il y a peu encore de la Salle Vasse. A la lumière de son expérience d’autrice dramatique, d’actrice et de metteuse en scène, elle exprima avec sensibilité et humour, le regard affectueux et tendre quoique parfois un peu amusé, que porte sur la francophonie un artiste doté d’une binationalité française et belge.

M. Valmer et Fr. Thyrion
(Photo Michel Germain)

La séance se poursuivait par l’évocation par Ghislaine Lejard de la disparition au cours de l’année écoulée de trois membres de l’académie, Malika Pondevie, Monique Créteur et Henri Lopes. Puis Noëlle Ménard, chancelier d’honneur, rendait compte de la récente attribution à Dominique Barbéris du Prix du roman de l’Académie française pour Une façon d’aimer.

Noëlle Ménard
(Photo Xavier ménard)

Déclarant close la séance, Patrick Barbier invita les académiciens et le public présent à poursuivre ce moment de rencontre et d’échange lors du cocktail offert par la ville de Nantes.

De gauche à droite : Jean-François Caraës, Claire Girault-Labalte, Dominique Pierrelée (chancelier) et Gaëlle Péneau (Photo Xavier Ménard)

23-24/10/2023 : Salon du livre « Plumes d’Equinoxe » au Croisic

Rendez-vous traditionnel de septembre, la 27ème édition du salon du livre Plumes d’équinoxe s’est tenue par une météorologie clémente au Croisic les 23 et 24 septembre 2023. Une manifestation réussie à l’initiative de la mairie, représentée par Michèle Quellard, maire de la ville, et Jacques Bruneau, premier adjoint en charge de la Culture et des Animations. Sa programmation fut orchestrée par Jean-Yves Paumier, chancelier d’honneur de l’académie et directeur artistique du salon.

Vue générale du Salon du livre Plumes d’Equinoxe.

Sur le thème de l’aventure maritime …

Le thème de l’année, l’aventure maritime, permit d’exprimer, notamment dans les 2 tables rondes intitulées respectivement « L’aventure maritime dans l’histoire » samedi 23 septembre, et « L’aventure maritime romancée » dimanche 24 septembre, les différents registres de ces expériences du large. A ces rencontres participèrent nombre d’auteurs invités parmi lesquels Christophe Agnus, Laurent Decaux, Fabrice Humbert, François Guichard, Dominique Lebrun, Monique Vérité, Antoine Quinquis et Fabien Vinçon.

Loïck Peyron, pendant la conférence inaugurale à l’Océarium du Croisic.

Didier Decoin, président d’honneur …

Didier Decoin, président d’honneur du salon, participa aux différentes rencontres et fut le thème central de la Grande rencontre, organisée à son endroit le dimanche matin à 11h00, salle Jeanne d’Arc. Elle permit d’évoquer en premier lieu son dernier ouvrage Le nageur de Bizerte, ouvrage évoquant la rencontre improbable d’une jeune docker du port de Bizerte, épris de natation, et d’une jeune ukrainienne, Yelena, fille d’un riche baron ayant fui l’avancée des Bolcheviks à bord du cuirassé Georges le Victorieux. L’intrigue romanesque se fonde sur l’histoire véridique de cette escadre de 45 navires et de 5000 réfugiés partis de Crimée et parvenus à Bizerte avec l’accord du gouvernement français en 1921.

Didier Decoin pendant son intervention.

L’échange se prolongea par l’évocation du parcours du romancier célèbre, auteur de près de 40 ouvrages, aujourd’hui président de l’Académie Goncourt, après en avoir été le secrétaire général de 1995 à 2020. A cette occasion fut rappelé que l’un de ses premiers livres, John l’Enfer, lauréat du prix Goncourt en 1977, figure au nombre restreint de la réédition des 40 ouvrages les plus remarquables distingués par ce prix, au même titre que Les Racines du ciel de Romain Gary ou La condition humaine d’André Malraux 

En conclusion, associée à la manifestation croisicaise, l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire le fut dans différents registres par :

  • La participation de Noëlle Ménard, chancelier d’honneur, à l’organisation de la dictée qui le samedi fit salle pleine dans l’espace associatif Olympe de Gouges avec une épreuve sur le thème de la mer conçue par Julien Soulié, membre du projet Voltaire, ancien professeur de lettres classiques et lauréat des Timbrés de l’orthographe ;
Pendant la dictée.
  • La contribution de Jean-Yves Paumier et Michel Germain à l’animation des tables rondes, de la rencontre avec Didier Decoin et de la conférence préliminaire du vendredi 22 septembre à l’Océarium du Croisic avec Loïc Peyron, naviagateur et auteur du Dictionnaire amoureux de la voile ;
  • La présence sur le stand tenu par l’académie de Ghislaine Lejard, de Jean-Louis Liters et de Vincent Rousseau ;
  • La participation de quatre membres de l’académie au jury du prix Plume d’Equinoxe qui distingua Fabien Vinçon, journaliste et producteur à Arte, pour son dernier livre intitulé Staline a bu la mer, fable écologique évoquant l’épisode méconnu de l’assèchement de la mer d’Aral par Staline.
Remise du prix Plumes d’Equinoxe à Fabien Vinçon.

13/06/2023 : Séance solennelle au Château des Ducs de Bretagne

Lors de sa traditionnelle séance de printemps, dans la salle du premier étage du bâtiment dit du Harnachement, au château des Ducs de Bretagne, à Nantes, l’académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire a procédé à la remise des distinctions concernant le Grand Prix Jules Verne et le Prix de l’académie.

De gauche à droite : Michel Cocotier, Dominique Pierrelée et Patrick Barbier.
Au micro Noëlle Ménard et Philippe Josserand (Photo Xavier Ménard)

La séance fut ouverte à 18h00 par Dominique Pierrelée, chancelier de l’Académie, et par Michel Cocotier, conseiller municipal de Nantes, en charge du développement des pratiques artistiques en milieu scolaire et universitaire, de la lecture publique ainsi que du spectacle vivant et des arts de la rue. Patrick Barbier, vice-chancelier de l’académie, assurait l’animation de la séance et le passage de relais entre les différents intervenants.

Dominique Pierrelée mit l’accent dans son propos préliminaire sur l’importance de ce rendez-vous qui met l’accent, avant la période estivale, sur les travaux menés par l’académie dans son action de promotion de la littérature et des livres. Dans le prolongement de son propos, Michel Cocotier s’est félicité du partenariat établi de longue date entre l’Académie et la ville de Nantes, se félicitant de la concordance de vue dans la nécessité d’œuvrer de façon conjointe pour défendre les initiatives en faveur de la lecture.

Les lauréats : Antoine Laurain (à gauche) – Pierre Adrain (A droite) (Photo Xavier Ménard)

Grand prix Jules Verne

Récompensant depuis 1981 un ouvrage de caractère vernien, le jury qui attribue ce prix est présidé par Christian Robin, vice-chancelier de l’académie. Il a été attribué à Antoine Laurain, pour son livre intitulé Les caprices d’un astre, publié par Flammarion.

Lors de sa présentation de l’ouvrage, Christian Robin mit en avant la construction littéraire voire cinématographique de ce dernier, alternant l’évocation d’une intrigue contemporaine et celle, plus historique car plusieurs siècles plus tôt, de l’étonnante malchance de l’astronome Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-Baptiste Le Gentil de la Galaisière dans sa vaine tentative d’observation à Pondichéry du phénomène astronomique rare constitué par le transit de Vénus en 1761. Cette observation aurait dû permettre de déterminer avec précision la distance séparant la terre du soleil.

Christian Robin et Antoine Laurain (Photo Xavier Ménard)

L’ouvrage relate son inconfortable voyage d’une durée de plus de 15 mois, contrecarré par le conflit entre la France et le Royaume-Uni. Les mouvements du bateau ne lui ayant pas permis à la date convenue d’opérer la mesure espérée, Le Gentil de la Galaisière prolongera de 8 ans son séjour afin de bénéficier d’un nouveau cycle pour son observation. Cette seconde tentative sera cette fois contrecarrée par la nébulosité. Cette étonnante malchance poursuivra le scientifique dans sa vie professionnelle et personnelle, raison de l’attachement vouée par l’auteur au personnage.

Dans un propos teinté d’humour, Antoine Laurain répondit à Christian Robin, qu’il remercia pour sa lecture attentive ainsi que pour ses remarques érudites sur les correspondances entre son personnage et les évocations des récits de Jules Verne.

Dominique Pierrelée procéda ensuite à la remise de son prix au Lauréat, tandis que Christian Robin lui remettrait en complément une invitation pour deux nuitées à l’hôtel Jules Verne de Biarritz, offert par la Société des hôtels littéraires, fondée par Jacques Letertre. Conçus par des amoureux des livres et de la littérature, ces hôtels ont vocation à recréer l’univers d’écrivains célèbres. L’ensemble de la décoration est pensé comme un hommage à l’auteur et à son œuvre. Un parcours d’exposition emmène les hôtes de passage sur les traces de l’écrivain, à travers des bibliothèques, des œuvres d’art et des citations, comme une invitation au voyage.

En savoir plus …

Auteur de plusieurs romans, Antoine LAURAIN a publié aux Éditions Flammarion :

  • Le Chapeau de Mitterrand
    Prix Landerneau et prix Relay des voyageurs 2012
  • La Femme au carnet rouge (2014)
  • Rhapsodie française (2016)
  • Millésime 54 (2018)
  • Le Service des manuscrits (2020),
  • Et mon cœur se serra (2021)
  • Les caprices d’un astre (2022)
  • Dangereusement douce (2023)

Ses livres sont traduits en plus de vingt langues et font l’objet d’adaptations pour le cinéma ou la télévision.

Prix de l’Académie

Attribué depuis 1951, le prix de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire distingue un roman ou un essai. Son jury est présidé par Ghislaine Lejard. Il distingue en 2023, Que reviennent ceux qui sont loin, de Pierre Adrian, publié chez Gallimard.

Lors de la présentation de l’auteur et de son livre, Michel Germain  rappela que ce livre grave et léger évoque avec sensibilité l’état particulier, marqué d’impressions diffuses, de couleurs et de parfums oubliés, qui s’empare de ceux qui, sur le tard, reviennent en un lieu connu du temps de l’insouciance, quand le ciel était d’un azur perpétuel et le soleil permanent. Alors s’empare de vous le sentiment fragile de l’impermanence, de l’obsolescence de toute chose. Pierre Adrian a notamment su restituer la tonalité nostalgique de l’adolescence disparue. Son livre a obtenu le Prix Jean-René Huguenin en mémoire de l’auteur de La Côte sauvage, encensé par la critique, décédé prématurément en septembre 1962. L’ultime phrase du journal interrompu de ce dernier, le 20 septembre 1962, mentionnait : « Ne plus hésiter, ne plus reculer devant rien. Aller jusqu’au bout de toute chose, quelle qu’elle soit, de toutes mes forces. N’écouter que son impérialisme. »

Michel Germain et Pierre Adrian (Photo Xavier Ménard)

Auteur talentueux, Pierre Adrian a déjà publié six ouvrages, dont deux avec son ami Philibert Humm. Il a notamment obtenu le prix des Deux Magots et le prix François Mauriac de l’Académie française pour La piste Pasolini, paru en 2015, le prix Roger Nimier pour Des âmes simples, paru en 2017. Il a également procédé à la réédition de L’inconnu me dévore, l’admirable œuvre posthume de Xavier Grall.

Dans sa réponse, Pierre Adrian évoqua le caractère autobiographique de son livre, avec l’évocation de la maison familiale du Finistère où se retrouvait chaque été un rassemblement composite de parents et de proches. Le retour plus tard du narrateur, héros du livre, en ce lieu, permet à ce dernier de comprendre avec acuité que ce qui semblait figé dans une sorte d’ennui d’apparent est devenu inexorablement le reflet d’un temps disparu, teinté de nostalgie. Ce roman universel évoque en fait la fragilité de la vie. Pour conclure, Pierre Adrian souligna l’attachement à la Bretagne que lui confère ses racines, avant que Dominique Pierrelée procède à la remise de son prix.

Les lauréats et le public (Photo Xavier Ménard)

En savoir plus ….

Né le 29 juin 1991, Pierre Adrian vit aujourd’hui à Rome après une enfance en région parisienne avec ses cinq frères et sœurs. Chroniqueur au magazine L’Equipe. Lauréat en 2016 du prix des Deux Magots et du prix François-Mauriac de l’Académie française, pour La piste Pasolini, du prix Roger-Nimier en 2017 pour Des âmes simples et du Prix Jean-René Huguenin en 2022 pour Que reviennent ceux qui sont loin.

  • La Piste Pasolini, éditions des Équateurs, 2015
  • Des âmes simples, éditions des Équateurs, 2017
  • Les Bons Garçons, éditions des Equateurs, 2020
  • Que reviennent ceux qui sont loin, Gallimard, 2022

En collaboration avec Philibert HUMM :

  • Le tour du monde par deux enfants d’aujourd’hui, 2018
  • La micheline, tournée des bars de France, 2021

Prix du livre scientifique

À l’invitation de Dominique Pierrelée, Xavier Noël, trésorier de l’Académie, fut invité à présenter le nouveau prix littéraire qu’accordera l’académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire, à son initiative, en lien avec Nantes-Métropole. Nommé Prix Science et Société, il serait décerné en décembre pour la première fois.

Présentation du livre 1962, une Académie littéraire en bord de Loire

Noëlle Ménard, chancelier d’honneur, et Philippe Josserand présentèrent à deux voix l’ouvrage sur l’académie conjointement réalisé dans le but de présenter la trajectoire originale de cette institution fondée à Nantes le 7 décembre 1962.

Noëlle Ménard (Premier plan) et Philippe Josserand au micro (Photo Xavier Ménard)

Philippe Josserand rappela le caractère spécifique de cette série d’opuscules publiés par les éditions Midi-Pyrénéennes dont 47 titres sont parus depuis octobre 2018. La collection a pour principe de revisiter l’histoire d’une ville à partir d’une année marquante de la vie de la cité. Historiens confirmés, les auteurs effectuent une synthèse rigoureuse du sujet traité. Philippe Josserand est le directeur de la collection pour ce qui concerne Nantes, au même titre que d’autres historiens pour les villes de Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ou Clermont Ferrand.

Pour Nantes, cet ouvrage est le sixième paru sur la ville après :

  • 1460, Une université pour le duché de Bretagne
  • 1598, Nantes et son édit
  • 1716, Pauline, une esclave au couvent
  • 1919, Jacques Vaché, l’exquis cadavre qu’on s’arrache (rédigé par Jean-Louis Liters, membre de notre académie)
  • 1987, Dubigeon, La fin de la navale.

Noëlle Ménard évoqua pour sa part les circonstances peu connues du grand public de la création de l’académie au sortir de la seconde guerre mondiale, marquée par les personnalités respectives de ses chanceliers et la durée de leurs mandats respectifs. L’une des difficultés de la rédaction de l’ouvrage résulta notamment des impératifs de concision fixés à ce dernier.

Avant de clore la séance, Michel Cocotier procéda à la remise de la médaille de la ville de Nantes à chacun des lauréats, avant qu’Eric Chartier, membre de l’académie, n’évoque avec lyrisme et son talent confirmé d’acteur, un extrait de Le rouge et le noir, de Stendhal, publié en 1830. Il fit de nombreuses fois revivre ce texte, seul en scène, à l’instar de son autre spectacle Marcel Proust : À l’ombre de Combray. Pour lui « Le dire est une célébration de l’écriture, la page est partition. Sur l’établi du métier je la pétris éparse« .

En conclusion de la séances, les académiciens et le public présent furent invités à se retrouver avec les lauréats lors d’un sympathique cocktail offert par la municipalité, occasion de poursuivre les échanges et les dédicaces des ouvrages primés.

23/05/2023 : Séance solennelle de l’Académie

Lors de sa séance solennelle qui s’est tenue le mardi 23 mai au Conseil départemental de Loire-Atlantique, l’académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire a procédé à la remise de deux des distinctions qu’elle accorde, le Prix de Loire Atlantique et le Prix Yves Cosson de Poésie.

La séance fut ouverte par Dominique Poirout, Vice-présidente culture et patrimoine, représentant Monsieur Michel Ménard, Président du Conseil départemental de Loire-Atlantique. Elle souligna notamment dans son propos l’importance que revêt le livre en particulier et la littérature en général dans l’environnement de chacun, ainsi que l’intérêt porté par le département aux actions menées par l’Académie. Dans sa réponse, le chancelier Dominique Pierrelée tint à la remercier d’un partenariat qui ne se dément pas dan s la durée comme de l’accueil de l’institution pour la remise de ses deux prix.

J.-F. Caraës, A. Poulard, M. Jussiaume, D. Poirout, D. Kay, D. Pierrelée, H. Copin (Photo Xavier Ménard)

Prix de Loire-Atlantique 2023

Jean-François Caraës, président du jury du prix de Loire Atlantique, prit ensuite la parole pour présenter le titre retenu Berligou : Le vins des ducs de Bretagne, publié par Le Temps Editeur, et les lauréats. Dans un propos enthousiaste et plein d’humour, il souligna que le jury fut sensible au sujet traité, la résurgence d’un vin et d’un cépage oublié, le Berligou, comme à l’aspect approfondi du traitement du sujet. Le texte est en effet assorti de nombreuses notes et précisions documentaires. Les deux auteurs de l’ouvrage primé sont Alain Poulard et Marcel Jussiaume.

Les Lauréats

Alain Poulard

Œnologue à l’Université de Bordeaux, Alain Poulard est docteur en biologie de l’Université de Nantes. Ancien responsable de l’Unité de Nantes de l’Institut Français de la vigne et du vin (IFV), il exerça la fonction d’expert à l’Organisation Internationale de la Vigne et du vin (OIV). Co-fondateur de l’Association Le Berligou, il est l’un des membres du groupe des 12.

Jean-François Caraës (à gauche) et Alain Poulard (à droite) (Photo Xavier Ménard)

Marcel Jussiaume

Viticulteur et fondateur du Domaine de Guérande au Loroux-Bottereau, Marcel Jussiaume a depuis cédé son domaine à son fils Pierrick. Il est le co-fondateur du Grand Prix Clémence Lefeuvre (nom de la restauratrice qui créa le beurre blanc en 1930), concours de Muscadet au jury exclusivement féminin. Il fut membre du Conseil Interprofessionnel des Vins de Nantes et Président du Syndicat des Appellations Muscadet. Il est également l’un des membres du groupe des 12.

Marcel Jussiaume (Photo Xavier Ménard)

L’ouvrage

Le livre évoque de manière documentée et précise la démarche exemplaire menée par le groupe des 12 pour retrouver la trace et restaurer la production du Berligou, vin populaire planté par les ducs de Bretagne vers 1390 au château de Beaulieu à Couëron, l’une de leurs résidences secondaires. Des textes anciens attestent que la duchesse Anne de Bretagne l’aurait apprécié, de même qu’Henri IV lorsqu’il vint signer l’Édit de Nantes en 1598.

La quasi-disparition de ce cépage serait due aux maladies cryptogamiques de la fin du XIXe siècle : l’oïdium en 1840, le mildiou et le phylloxéra en 1880. En 1930, le berligou de Joseph Bernier, planté dans le sud de Saint-Herblain, fut encore primé au concours départemental, ce qui atteste de rares survivances. En 1993, Joseph Bosseau en rechercha quelques plants pour les rangs conservatoires du musée du vignoble. Il en obtint en 2007 plusieurs pieds que lui céda Joseph Picot, propriétaire d’une parcelle de 180 pieds à Saint-Fiacre.

Dans sa réponse aux propos de Jean-François Caraës, Alain Poulard rappela la démarche persévérante effectuée par les différents partenaires du groupe des 12 depuis le début du projet. Marcel Jussiaume souligna pour sa part l’importance et le rôle à part que revêt dans l’histoire de l’humanité. Elle se révèle à ce titre être un élément de civilisation.

Prix Yves Cosson de Poésie

Henri Copin, président du jury de ce prix de poésie, prit ensuite la parole afin de présenter le poète Daniel Kay, distingué en 2023 pour l’ensemble de son œuvre. Dans son propos, il évoqua le parcours singulier de ce dernier et sa démarche qui, outre la poésie, embrasse également la peinture et une réflexion sur l’art. Dans sa réponse, Daniel Kay fit part au public d’une série d’annotations et de réflexion sur la poésie qu’il rédigea à la volée lors de son voyage pour se rendre à Nantes.

L’auteur

Né en 1959 à Morlaix, Daniel Kay effectua ses études supérieures à Brest et Rennes. Agrégé de lettres modernes, ses poèmes furent publiés notamment dans les revues NRF, Théodore Balmoral (Revue semestrielle de littérature contemporaine, créée à Orléans en 1985), Hopala ! (Revue littéraire et artistique bretonne créée en 1999 par Jean-Yves Le Disez) et Traces. Depuis 2003, il a contribué à plusieurs livres d’artistes comme à des éditions bibliophiliques. Peintre lui-même, il écrit également sur la peinture. Il enseigna la poésie moderne, la littérature comparée et l’histoire de la critique à l’Université de Bretagne-Sud.

Daniel Kay (à droite) et Henri Copin (Photo Xavier Ménard)

Ouvrages publiés :

  • L’histoire des arts, Le Faouët, Éditions du Scorff, 2000
  • Magnificat (ill. Thierry Le Saëc), Languidic, Éditions de la Canopée, 2003
  • Le bleu du ciel (ill. Thierry Le Saëc), L’Attentive, 2006.
  • Tombeau de Georges Perros suivi de Armand Robin à Plouguernével, La Part commune, Rennes, 2007
  • À quoi rêvent les statues ?, La Part commune, Rennes, 2010
  • L’Approche de Delft : de la peinture hollandaise & de Marcel Proust, Paris, Éditions Isolato, 2011
  • Fragments des deux baies (ill. Gilles Plazy), Trégunc, la Sirène étoilée, 2013
  • Vies silencieuses, Gallimard, mai 2019
  • Tombeau de Jorge Luis Borges, Gallimard, juin 2021
  • Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Gallimard, mai 2022
  • Baugin, le dessert de gaufrettes, éditions Invenit, coll. Ekphrasis, Lille, 2022
  • Petits pans de Proust, d’après un détail de Vermeer, éditions des Instants, Paris, 2022

Expositions

  • Les Monts d’Arrée – Rodolphe Le Corre, Daniel Kay, Alain Le Beuze, Galerie Les Stèles, Morlaix, septembre 2007
  • Les Monts d’Arrée – Regard croisés, Espace culturel Lucien-Prigent, Landivisiau, 2009
  • Multiples, Salon de la petite édition d’artiste, Morlaix, 2009
  • Daniel Kay, un poète et des peintres, Médiathèque Les Ailes du temps, Morlaix, octobre 2010
  • Fragments d’un lieu – Peintures et livres d’artistes de Daniel Kay, Pôle culturel du Roudour, Saint-Martin-des-Champs, mars 2015
  • La baie des plumes – Salon de la poésie et des livres, L’Ivraie, Douarnenez, août 2017
  • Thierry le Saëc : la poétique du trait – Autour du livre d’artiste « Imago Ignota« , Galerie du Bourdaric, Vallon-Pont-d’Arc, mars-mai 2018

Livres d’artistes & Editions bibliophiliques

Avec André Jolivet

  • L’île Tristan, 4 exemplaires
  • Île Callot, 4 exemplaires
  • Ouessant, 4 exemplaires
  • Ouessant, phare du Stiff, 4 exemplaires
  • Le Grand Bé, 4 exemplaires

Avec Rodolphe Lecorre

  • Monts d’Arrée 02, 11 exemplaires numérotés

Avec Thierry Le Saëc

  • L’attribution des chefs-d’œuvre
  • Finis Terrae, Brest-Lisboa
  • Imago Ignota

Avec Maya Mémin

  • Tombeau de J.L.B, 20 exemplaires
  • Fragments d’Icarie, 50 exemplaires

Avec Bernard Menguy

  • Trente exemplaires

Avec Yves Picquet

  • Orphée palimpseste, 12 exemplaires

Avec Michel Remaud

  • Du rouge, 16 exemplaires

Avec Véronique Sézap

  • Menhirs, 5 œuvres originales

Quelques extraits

Après l’intervention de Daniel Kay, Henri Copin donna lecture de plusieurs extraits de l’oeuvre du poète primé.

« Les Grecs ne possédaient pas de mots pour le bleu. Homère lui-même devait recourir à de subtiles périphrases pour évoquer cette couleur. Pendant des siècles en Occident les hommes n’ont pas nommé le bleu. C’était au temps où la mer et le ciel rinçaient  leurs teintures  dans la gorge de  curieuses divinités. On ignorait que les oiseaux qui picoraient dans le bleu suspendraient  des grappes de fruits  rouges sur le rebord de grandes assiettes en faïence. »

Daniel Kay, Vies silencieuses

« Présences léguées bien plus loin
que nos bras ne peuvent atteindre,
mots d’aucun langage,
phrases interminables sans verbe ni sujet
chuchotées sur la toile blanche
que prépare dans l’atelier
celui qui délie peu à peu
la conscience ligneuse des forêts

Daniel KAY, Vies silencieuses

Avant de clore la séance, le chancelier Dominique Pierrelée rappela que l’Académie remettra le 13 juin prochain, au Château des Ducs de Bretagne, le Grand prix Jules Verne et le Prix de l’Académie. La séance de l’académie s’acheva sur un cocktail lors duquel chacun put déguster le fameux Berligou.

11/05/2023 : Décès de Malika Pondevie

Malika Pondevie, née Roumane, n’est plus ! Elle est partie, à sa façon discrète mais pas effacée, le 11 mai 2023. Entrée à l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire en 2009, elle faisait partie du jury du prix Yves Cosson de poésie et s’investissait dans le partenariat avec la maison de l’Afrique. Titulaire d’un diplôme de pharmacie, chercheuse et conférencière sur la civilisation arabe et l’histoire de l’Afrique du Nord, elle devait évoquer le 15 juin prochain Cordoue, capitale de l’Esprit, la cité majeure de l’Espagne musulmane, dans un amphi de la faculté de pharmacie de Nantes (clin d’œil à sa formation initiale de pharmacienne). Il y a un an, elle animait passage Sainte-Croix une rencontre sur le Soufisme, cette voie spirituelle de l’islam qui est tout à la fois une quête mystique et un voyage dans la profondeur de soi. Ainsi était-elle !

Une curiosité d’esprit insatiable !

Elle poursuivit ses études scientifiques initiales par celle de l’histoire de l’Art, des langues Orientales, notamment au Centre des Hautes Etudes sur l’Asie et l’Afrique Moderne (CHEAAM). Chercheuse sur la Civilisation Arabe médiévale et sur l’Histoire de l’Afrique du Nord Antique, elle enseigna la médecine arabe à l’Université de Nantes. Conférencière brillante, elle intervenait à Paris (Institut du Monde Arabe) comme à Montpellier (l’Institut Maimonide).

Malika Pondevie (à droite) et Philippe Josserand

Dans le cadre de l’association Rencontres méditerranéennes, qu’elle présida, elle participa notamment au colloque Culture arabe et culture européenne organisé en décembre 2000 en partenariat avec l’Université de Nantes. Les actes en seront publiés en 2006, chez L’Harmattan. En 2003, elle contribua au colloque organisé aux Sables d’Olonne dans le cadre de l’année de l’Algérie en France, avec le soutien de l’Unesco, consacré à Saint-Augustin. Sa contribution, « Augustin et le monachisme occidental » parut dans l’ouvrage Saint-Augustin, le passeur des deux rives, publié en 2010 par l’éditeur d’Orbestier. Evoquant l’histoire comme l’œuvre d’un des pères emblématiques de l’Église, elle rappela le double rôle qu’il exerça en introduisant en Afrique le monachisme occidental, puis en en définissant les règles.

Nostalgique des trois cultures

Nostalgique de l’Andalousie des trois cultures où cohabitèrent pacifiquement pendant plusieurs siècles juifs, chrétiens et musulmans (qu’un colloque évoqua aux Sables d’Olonne en 2012), elle était infatigable, aussi capable d’organiser un concert sur Les troubadours des trois cultures à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 1994 avec Jordi Savall et Montserrat Figueras, que de contribuer à la production d’une création chorégraphique originale aux Sables d’Olonne avec Celina Chaulvin, élève du Martha Graham Dance ensemble et Jean Vincent Boudic. Elle avait l’œil exercé d’un peintre et d’un photographe dont les œuvres furent exposées.

Sa silhouette menue comme sa présence nous manquent déjà. Nous ne l’oublierons pas.

11/05/2023 : L’Académie en presqu’île guérandaise

Vingt membres avaient souscrit à la proposition de sortie en presqu’île guérandaise offerte aux membres et aux amis de l’Académie, à la demande Dominique Pierrelée, son chancelier. Ils se sont donc retrouvés jeudi matin 11 mai, à 10h00, au rendez-vous fixé près de l’ancienne Criée, sur le port du Croisic, devant la statue de Pierre Bouguer.

Né dans la localité, ce mathématicien, physicien et hydrographe, fut le compagnon de Charles Marie de La Condamine dans son expédition vers le Pérou en 1735. Auteur du magistral Traité du navire publié en 1746, l’Académie des sciences distingua en 1727 son étude sur « La meilleure manière de former et distribuer les mâts des bateaux » ainsi que sa « méthode d’observation de l’altitude des étoiles en mer ».

Son père, Jean Bouguer, navigua pendant dix ans sur les navires du roi. Blessé au combat de la baie de Bantry en Irlande le 11 mai 1698, il perdit une jambe et fut nommé professeur de pilotage à l’école d’hydrographie du Croisic. On lui doit un Traité complet de navigation, réimprimé en 1706.

Laurent Delpire et le groupe des participants.

Visite commentée du Croisic

Laurent Delpire, Directeur du patrimoine et de l’urbanisme à la Ville du Croisic, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de Loire-Atlantique, accueillit le groupe et évoqua lors d’une promenade dans les rues de la ville les aspects les plus remarquables de la cité et sa riche histoire maritime.

Cette déambulation instructive, émaillée de nombreuses anecdotes, se termina en fin de matinée dans les jardins de l’hôtel de ville, occasion d’admirer le canon de 24 en bronze du Soleil Royal qui s’y trouve. Cette pièce d’artillerie de 24 provient du vaisseau amiral de la flotte de Brest (80 canons), sabordé le 21 novembre 1759 pendant la fâcheuse bataille des Cardinaux, dont l’épave fut retrouvée en 1955.

Dans le jardin de l’hôtel de ville

Réception à l’Hôtel de ville

Jacques Bruneau, ex-procureur de la République, premier adjoint au maire du Croisic, délégué à la Culture et aux Animations, attendait à la mairie la délégation. Lors d’une courte allocution, il rappela les liens sympathiques qui se sont établis de longue date entre la municipalité et l’académie. Il en donnait pour exemples les plus significatifs la contribution décisive de Jean-Yves Paumier à la programmation du salon du livre Plumes d’Equinoxe en septembre, notre présence par un stand et la participation de deux membres au jury du prix attribué à cette occasion.

Jacques Bruneau accueille les participants à la mairie du Croisic.

Axé sur les produits de la mer, le déjeuner fut ensuite servi au restaurant La Bretagne, établissement croisicais longtemps tenu par Pierre Coïc, successeur d’Auguste (son père qui ouvrit l’établissement en 1938). Musicien dans l’âme, ce dernier vouait une prédilection au violon — il en possédait 11 — ce qui ne l’empêchait pas de jouer également du saxophone et de la clarinette. Sous le pseudonyme de Yann Breiz, il écrivit en juillet 1986 les paroles et la mélodie de la chanson Le Kurun. Au terme d’un déjeuner dans son établissement, Jacques-Yves Le Toumelin signa le 19 novembre 1960 le livre d’or de cette dédicace « Toute précipitation est un signe de faiblesse ».

Kurun, le voilier de Jacques-Yves Le Toumelin.

Kurun et Jacques-Yves Le Toumelin

Après le déjeuner une partie des participants avait opté pour la visite du Kurun, le voilier de Jacques-Yves Le Toumelin et la visite du local de l’Association des Amis du Kurun où sont conservés les objets de navigation et différents souvenirs liés au navigateur. A bord de ce cotre à gréement aurique de 10 mètres de long, construit de 1946 à 1948, il fut le troisième navigateur français à effectuer une circumnavigation à la voile, après Alain Gerbault sur le Firecrest de 1923 à 1929, et Louis Bernicot sur Anahita de 1936 à 1938. Parti le 19 septembre 1949 du Croisic, il reçut à son retour — le 7 juillet 1952 — un accueil triomphal. Le navigateur rendit compte de sa navigation dans Kurun autour du monde, livre de chevet de toute une génération de navigateurs. Il fut par ailleurs le frère de Yahne Le Toumelin, artiste peintre élève d’André Lhote, amie de Leonora Carrington, exposée par André Breton dans sa galerie A l’étoile scellée. Elle réalisa notamment plusieurs décors de ballets pour Maurice Béjart. De son mariage avec Jean-François Revel naquit Matthieu Ricard (le moine bouddhiste) qui reconnaît devoir à son oncle l’éveil de sa spiritualité.

L’autre partie des participants à la rencontre avait choisi de monter au clocher de Saint-Guénolé, à Batz-sur-Mer, construit au XVIIème siècle. A 70 mètre de hauteur, il offre en effet une vue panoramique sur la presqu’île guérandaise, le phare du Four au large, et par-delà ce dernier la perspectives des îles morbihannaises d’Hoëdic, d’Houat et de Belle Ile.

Le clocher de Saint-Guénolé

Au musée des Marais Salants

Les deux groupes se retrouvèrent à 15h45 au Musée des marais salants, à Batz-sur-Mer, où les attendait son conservateur, Gildas Buron. Héritier du Musée des anciens costumes créé en 1887 à l’initiative d’Adèle Pichon, fille de paludiers (l’un des plus anciens musées d’Art et Traditions populaires de France), il fut visité par Léon Daudet, Anatole France, Guillaume Apollinaire ou … Mistinguett. Lors d’une passionnante visite, Gildas Buron rappela la genèse du musée et en présenta la remarquable démarche muséographique.

Gildas Buron expliquant l’histoire du sel

L’idée du musée naquit en 1875 à l’occasion du congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, tenu à Nantes. L’association avait été créée trois ans plus tôt en 1872, inspirée de la British Association. Depuis 1984 le musée, considérablement étendu, bénéficie d’un nouveau cadre dans le bâtiment édifié spécialement. Depuis 2003, il est la propriété de la communauté d’agglomération de la Presqu’île de Guérande-Atlantique (Cap Atlantique), collectivité territoriale fédérant quinze communes entre les estuaires de La Loire et de La Vilaine.

Une belle richesse muséographique parfaitement mise en valeur.

Merci, en conclusion à Jacques Bruneau, Laurent Delpire et Gildas Buron qui ont contribué de façon décisive à la qualité de cette belle journée servie par une météorologie favorable. Les liens déjà amicaux de l’Académie avec le Croisic en sortent renforcés d’une meilleure connaisance, si besoin était, de la cité et de son riche passé.

15/12/2022 : Séance solennelle de l’Académie

L’académie littéraire de Bretagne tiendra à 18h00 sa séance solennelle de fin d’année au Muséum d’Histoire Naturelle, présidée par Dominique PIERRELEE, son chancelier, et en présence de Michel COCOTIER, représentant Johanna ROLLAND, Maire de Nantes.
Le chancelier évoquera la disparition cette année de deux de ses membres : Yves-Henri NOUAILHAT et Gaston BOUATCHIDZE.

Présentation du Cahier 2023

Jean-François CARAES, qui en a assuré la préparation et a orchestré les contributions des différents académiciens, présentera le Cahier 2023 intitulé D’île en îles, évocation de la diversité de la réalité insulaire comme de son imaginaire. Après la presqu’île guérandaise l’an passé et dans la volonté d’exprimer la réalité régionale,  la seconde partie de la publication est consacrée à des Regard sur le pays d’Ancenis.

« Les îles ont constamment inspiré auteurs et poètes. Déjà, en 1974, l’Académie de Bretagne avait consacré un Cahier à ce thème récurrent dans la littérature. Cette année, la nouvelle livraison propose de revenir à ces terres particulières, entre le ciel et l’eau, au fil d’articles historiques et littéraires : ce sont d’abord les îles maritimes, proches de nos côtes ou plus lointaines, qui sont évoquées : celles de nos côtes atlantiques plus ou moins proches, mais aussi plus lointaines, à l’autre bout du monde ; puis les îles de Loire qui sont familières, livrées aux caprices des hommes et de la nature, du confluent de la Maine à l’estuaire ; enfin les îles imaginaires, nées de la vision d’auteurs ou d’artistes, propres à nous laisser vagabonder au gré du courant.

Ce vaste panorama ilien est complété par deux cahiers au thème spécifique, l’un consacré au pays d’Ancenis, terre de littérature et d’histoire, et l’autre à la francophonie à laquelle l’Académie voue une attention particulière.

Ce nouveau Cahier de l’Académie nous permet de quitter un temps les rives de notre quotidien et de nous embarquer vers des ailleurs oniriques… »

Sommaire :

Avant-propos (Dominique Pierrelée)
D’île en îles
Îles océanes

  • L’archipel de la baie de Bretagne (Dominique Pierrelée)
  • Noirmoutier, vimer au poing (Henri Copin)
  • Marc-Adolphe Guégan, l’aède de l’île Yeu, tendre rocher (Jean-Louis Liters)
  • L’Archipel des Glénan, essai de géographie littéraire (Annie Ollivier)
  • Enez Aodum, l’île Dumet à travers les âges (Michel Germain)
  • L’archipel des imaginaires : Belle-Ile-en-mer, Marie-Galante, Cythère et les autres (Noëlle Ménard)

Îles douces

  • Îles de Loire, si semblables, si différentes (Jacques Boislève)
  • Sur l’île d’Indret, le dernier château de la Loire (Jean-François Caraës)
  • La mythique île Mabon (Jean-Yves Paumier)
  • Quand les artistes abordent les îles de Loire (Claire Giraud-Labalte)
  • Coup de cœur pour les îles de Loire :
  • A l’île de Béhuard, un maire droit dans ses bottes (Jean Amyot d’Inville)
  • Et pour le reste, on imagine…
  • L’île Ferré de nos vingt ans (Thierry Froger)

Îles d’ailleurs

  • L’impossibilité d’une île (Philippe Josserand)
  • Les îles extraordinaires de Jules Verne (Christian Robin)
  • Des îles et des plumes
  • (Michel Valmer, Éric Fonteneau)
  • « Amporelles et Tabernaudes » (Xavier Noël)

Regards sur le pays d’Ancenis

  • Promenade littéraire au pays d’Ancenis (Jacques Boislève)
  • Un Bayreuth littéraire à Ancenis, le rêve de Léon Séché (Jean-Yves Paumier)
  • Du château d’Ancenis à la région d’Ancenis ou comment l’ARRA est devenue un acteur de la vie locale (Claire Voisin-Thiberge)
  • Au fil des mots : l’oreille du cœur (Gaston Bouatchidzé)

Francophonie

  • L’Asiate, et le Mal jaune (Henri Copin)
  • Une francophonie singulière venue des caraïbes : Daniel Maximin (Malika Pondevie)
  • La francophonie ce thème si cher à mon cœur, Mona Gamal El Dine (Ghislaine Lejard)
  • Les Trobades Albert Camus ou la francophonie en partage (Anne Prouteau)
  • Camus en Khmer… (Henri Copin)

Ils nous ont quittés

  • Gaston Bouatchidzé
  • Yves-Henri Nouailhat

Réceptions de nouveaux membres

  • Pilar Martinez Vasseur (Noëlle Ménard)
  • Denis Moreau (Philippe Josserand)

Quand on parle de l’Académie

  • Les hôtels littéraires (Christian Robin)
  • Prix Plumes d’Équinoxe Océarium 2022
  • Prix de Loire-Atlantique 2022

Remises des prix de l’Académie

  • Prix de l’Académie 2022
  • Prix Jules Verne 2022
  • Prix Yves Cosson de poésie 2022

Publications des académiciens

Distinctions et activités des académiciens
Remerciements et liste des membres
Accueil de nouveaux membres

Intronisation de trois nouveaux membres

La cérémonie sera également marquée par l’intronisation de trois nouveaux membres : deux membres actifs et un membre d’honneur.

Colette LE LAY, présentée par Annie OLLIVIER et Jean-Louis LITERS

Née le 26 mars 1954 à Concarneau, dans la ville close, attachée à ses racines, Colette LE LAY assiste avec bonheur au renouveau de la culture bretonne. Elle enseigne en 1976 comme professeur de mathématiques dans le secondaire, activité qu’elle exerce avec passion. Elle participe notamment à l’application des innovations pédagogiques de l’Institut de Recherche pour l’Enseignement des Mathématiques (IREM).

  • 1994 : Agrégation de mathématiques
  • 2002 : Thèse en histoire des sciences et des techniques de l’université de Nantes sur Les livres de vulgarisation de l’astronomie (1686-1880)
  • 2002 : chercheure en histoire des sciences au Centre François Viète, Université de Nantes
  • 2015 : membre de l’ENCCRE (Edition Numérique Collaborative Critique de l’Encyclopédie).
  • 2016 : membre de l’ANR « Le Bureau des longitudes (1795-1932), de la Révolution française à la Troisième République.

Elle est notamment l’auteure ou la co-auteure de :

  • History of Astronomy in Portugal, 2017
  • L’envers du décor : science passion – science raison au 19e siècle, 2015
  • Jérôme Lalande (1732-1807). Une trajectoire scientifique
  • Pour une histoire du Bureau des longitudes (1795-1932), 2017
  • L’Astronomie dans l’Encyclopédie, 2017

Claire VOISIN-THIBERGE, présentée par Noëlle MENARD

Conservateur en chef honoraire des bibliothèques.
Officier des Palmes académiques
Après des études d’histoire, Claire-Voisin Thiberge, a intégré l’École Nationale des Chartes
Archiviste-paléographe elle a choisi la filière des bibliothèques d’état. Après une expérience à la Bibliothèque municipale classée de Toulouse, elle arrive à Nantes comme conservateur à la Bibliothèque Universitaire section santé, chargée entre autres de la préservation et mise en valeur du fonds ancien en particulier celui de Laënnec.
En 2000, elle devient responsable de la section Lettres, Sciences humaines et sociales de la BU. Elle est également l’auteur de nombreuses publications historiques et scientifiques.
Passionnée par le patrimoine , elle a été présidente de l’association Patrimoine d’hier pour demain (Varades) et de l’ARRA ( Association de recherches sur la région d’Ancenis).

Alfred GAMBOU, nouveau membre d’honneur, présenté par Henri COPIN

Maître de conférences, enseignant-chercheur à l’Université catholique de l’Ouest de Nantes et à l’école normale supérieure de Brazzaville, les recherches d’Alfred GAMBOU portent sur l’éthique et la formation enseignante, l’histoire de l’éducation et des idées éducatives.
Co-auteur avec Charles Bowao de L’émancipation de soi par le savoir, publié par L’Harmattan, réflexion sur la capacité de l’école à constituer ce lieu d’affranchissement.
Président de la Maison de l’Afrique, à Nantes, espace de promotion des initiatives liées à l’Afrique. Elle suscite des rencontres, réflexions, débats et prospectives sur l’Afrique. Son dernier colloque, le 8 Novembre 2022, a porté sur la thématique : « Nouveau regard sur l’Histoire : comment faire humanité ensemble ? »
Dans la revue Phronesis, il a publié cette année l’article intitulé « L’idée d’éducation et de formation de l’adulte chez Platon : ses présupposés, ses obstacles et ses finalités. »

Évocation de Christian BOBIN

La séance s’achèvera par une évocation de Christian Bobin, disparu le 24 novembre 2022, par Ghislaine LEJARD, Malika PONDEVIE et Michel VALMER. Cet écrivain et poète, auteur prolifique, a publié une soixantaine d’ouvrages. Il s’était fait connaître dès 1992 par la publication de Le Très-Bas, ouvrage consacré à Saint François d’Assise. Il fut notamment bibliothécaire à Autun, guide à l’écomusée du Creusot, rédacteur à la revue Milieux, élève infirmier en psychiatrie et professeur de philosophie. Il s’était installé en 2005 dans une maison isolée à la lisière d’un bois à Saint-Firmin (Saône-et-Loire), à une dizaine de kilomètres du Creusot natal, avec son épouse, Lydie Dattas, fille du compositeur et organiste de Notre-Dame-de-Paris.

Aimer quelqu’un c’est le lire. C’est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l’autre, et en lisant le délivrer. C’est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère.

Christian BOBIN – La lumière du monde

A la fin de séance, la médaille de la ville de Nantes sera remise aux trois nouveaux membres par Michel COCOTIER.

07/11/2022 : L’académie au Palais Garnier

A l’invitation de Martin Adjari, membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, Noëlle Ménard organisait le 17 novembre 2022 une journée exceptionnelle au Palais Garnier, à Paris. Les membres de l’académie présents, auxquels s’étaient joints Marie-Laure Prévost (Conservateur général honoraire de la BnF) et son époux, furent accueillis par Albane de Chatellus, responsable des Relations extérieures et du protocole.

Le matin, la visite du Musée Bibliothèque fut commentée par Anne Renoult, conservateur. Cette dernière avait préparé à l’intention des visiteurs un certain nombre d’objets rares et émouvants de la Bibliothèque Musée qu’elle commenta de façon précise et détaillée. Elle leur permit de découvrir à travers ces exemples l’exceptionnelle richesse documentaire de cette institution.

L’après-midi, le groupe fut convié à une autre visite des lieux, cette fois plus insolite. Accompagnés par Jean-Jacques Serres, guide passionnant et érudit, cette occasion privilégiée les conduisit à la découverte des coulisses du l’endroit comme des multiples métiers gravitant autour de la scène. Elle leur offrit de mieux comprendre l’envers du décor et sa complexité technique.

Le groupe des visiteurs

Rappel historique

Théâtre national, l’opéra Garnier rassemble en un même lieu prestigieux une académie de musique, de chorégraphie et de poésie lyrique. Il constitue par son esthétique monumentale un élément majeur du patrimoine de la capitale. Grand prix de Rome en 1948, Charles Garnier remporta le 30 mai 1861, à l’âge de 36 ans, le concours pour l’édification d’une « Académie impériale de musique et de danse » lancé six mois plus tôt. Ce projet concrétisait la décision de Napoléon III, à la suite de l’attentat manqué d’Orsini, rue Le Peletier (où se situait l’opéra éponyme) que soit édifiée une nouvelle salle en un lieu moins exposé. Le projet innovant et spectaculaire du jeune architecte, présenté au prince Alexandre Colonna Walewski, président du jury, remporta tous les suffrages, tant pour son esthétique monumentale que pour son aménagement intérieur et sa technicité. Garnier fut assisté dans la préparation de son esquisse par de nombreux amis et confrères de l’École des Beaux-Arts.

Le plafond du foyer

Les richesses artistiques du théâtre Garnier

Le département de la Musique du théâtre comprend un musée dédié au chant lyrique et à la danse. Il trouve son origine dans la collection initiale de « souvenirs pieux » légués par des chanteurs, danseurs, compositeurs, musiciens. On y trouve notamment une sélection effectuée parmi 2 500 maquettes de décors, 3 000 objets (dont 500 tableaux) et 3 000 bijoux de scène.

La recette du mardi 23 août 1735

Le musée de la Bibliothèque-musée de l’Opéra

Consécutif à l’exposition théâtrale de l’Exposition Universelle de 1878 conçue par le dramaturge et librettiste Charles Nuitter, elle permit à ce dernier d’augmenter le fonds iconographique de la bibliothèque. Avocat à la cour de Paris, passionné de théâtre, d’opéra et de danse, Nuitter devint le premier archiviste de l’Opéra de Paris. Le musée fut inauguré le 24 octobre 1881 à l’occasion d’une représentation d’Hamlet, l’opéra d’Ambroise Thomas.

Le musée occupa l’ancien fumoir des appartements initialement dévolus à l’empereur. Sa reconnaissance officielle fut confirmée par un arrêté du 10 décembre 1881 définissant le règlement de la bibliothèque et des archives de l’Opéra. Ce texte stipulait l’organisation des collections en trois sections : les archives (auxquelles fut rattaché le nouveau musée), la bibliothèque musicale et la bibliothèque dramatique.

La salle de consultation de la bibliothèque

Modeste à ses débuts, le musée prit de l’ampleur sous la direction de Charles Malherbe qui organisa notamment une exposition d’autographes musicaux à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Il dirigea les travaux d’embellissements afin d’autoriser l’accès du musée à un plus large public en 1903. Il s’attacha à mettre en valeur les objets présentés dans différentes vitrines : affiches de l’Opéra, costumes, décors, objets de curiosités tels que l’encrier de Spontini, l’archet de Paganini ou les bombes d’Orsini. Par la suite les collections s’enrichirent de différentes acquisitions ou de l’adjonction de fonds nouveaux tel celui des Archives Internationales de la Danse en 1952.

Les évolutions du musée

Le musée de l’Opéra (l’un des Musées de la Bibliothèque nationale depuis le rattachement de la Bibliothèque-musée de l’Opéra à cette institution en 1935) évolua peu. Sa configuration actuelle tient aux travaux de rénovation réalisés en 1992 grâce à la contribution financière du ministère de la Culture et d’un mécénat privé. L’espace muséal fut agrandi, gagnant notamment la rotonde basse, côté jardin, prévue par Charles Garnier pour l’accueil des voitures impériales. Les locaux de la bibliothèque furent isolés du reste des espaces pour préserver le calme attendu des lecteurs.

Les espaces de magasins situés dans la partie publique du théâtre et la « galerie des guignols », dessinés par Charles Garnier, furent maintenus dans leur état originel, en parallèle de la création d’une galerie d’exposition permanente aux cimaises de verre et d’acier dessinées par Richard Peduzzi, présentant une sélection d’œuvres iconographiques sur la danse, l’architecture du théâtre et le décor. Enfin, le dispositif fut complété par un espace d’expositions temporaires.

01/12/2022 : Café littéraire au Muséum


Jeudi 1er décembre 2022
Muséum d’histoire naturelle
12 rue Voltaire, 44000 Nantes de 14h15 – 16h00
LES LIVRES DE LA RENTRÉE
Animé par   Stéphanie HANET

14h15 – 15H40          Les livres de l’Ouest

Actualité des livres en région, préparée par Noëlle Ménard et Jean-Yves Paumier
Noëlle Ménard.   Pierre Adrian.  Que reviennent ceux qui sont loin. Gallimard
Jean-Yves Paumier. Gaëlle Josse. La nuit des pères. Notabilia

14h15 – 15h15           Les livres de la rentrée

Henri Copin Hadrien Bels. Tibi la blanche L’iconoclaste
Antoine George  Miguel  Bonnefoy. L’inventeur . Rivages
Catherine Telle.  Lena-Paul Le Garrec. Lulu. Buchet-Chastel
Jean Doucet Selim Nassib. Le Tumulte. L’Olivier
Stéphanie Hanet Sarah Jollien-Fardel . Sa préférée. Sabine Wespieser

14h45 – 16h               Les Coups de cœur

Le Café littéraire a été imaginé par
Catherine Decours, Jean Amyot d’Inville et Jean-Yves Paumier
de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire.
Avec le concours des Livres de l’Ouest, des Bibliothèques pour tous,
de la librairie Coiffard et du Muséum de Nantes