Malika Pondevie, née Roumane, n’est plus ! Elle est partie, à sa façon discrète mais pas effacée, le 11 mai 2023. Entrée à l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire en 2009, elle faisait partie du jury du prix Yves Cosson de poésie et s’investissait dans le partenariat avec la maison de l’Afrique. Titulaire d’un diplôme de pharmacie, chercheuse et conférencière sur la civilisation arabe et l’histoire de l’Afrique du Nord, elle devait évoquer le 15 juin prochain Cordoue, capitale de l’Esprit, la cité majeure de l’Espagne musulmane, dans un amphi de la faculté de pharmacie de Nantes (clin d’œil à sa formation initiale de pharmacienne). Il y a un an, elle animait passage Sainte-Croix une rencontre sur le Soufisme, cette voie spirituelle de l’islam qui est tout à la fois une quête mystique et un voyage dans la profondeur de soi. Ainsi était-elle !
Une curiosité d’esprit insatiable !
Elle poursuivit ses études scientifiques initiales par celle de l’histoire de l’Art, des langues Orientales, notamment au Centre des Hautes Etudes sur l’Asie et l’Afrique Moderne (CHEAAM). Chercheuse sur la Civilisation Arabe médiévale et sur l’Histoire de l’Afrique du Nord Antique, elle enseigna la médecine arabe à l’Université de Nantes. Conférencière brillante, elle intervenait à Paris (Institut du Monde Arabe) comme à Montpellier (l’Institut Maimonide).
Dans le cadre de l’association Rencontres méditerranéennes, qu’elle présida, elle participa notamment au colloque Culture arabe et culture européenne organisé en décembre 2000 en partenariat avec l’Université de Nantes. Les actes en seront publiés en 2006, chez L’Harmattan. En 2003, elle contribua au colloque organisé aux Sables d’Olonne dans le cadre de l’année de l’Algérie en France, avec le soutien de l’Unesco, consacré à Saint-Augustin. Sa contribution, « Augustin et le monachisme occidental » parut dans l’ouvrage Saint-Augustin, le passeur des deux rives, publié en 2010 par l’éditeur d’Orbestier. Evoquant l’histoire comme l’œuvre d’un des pères emblématiques de l’Église, elle rappela le double rôle qu’il exerça en introduisant en Afrique le monachisme occidental, puis en en définissant les règles.
Nostalgique des trois cultures
Nostalgique de l’Andalousie des trois cultures où cohabitèrent pacifiquement pendant plusieurs siècles juifs, chrétiens et musulmans (qu’un colloque évoqua aux Sables d’Olonne en 2012), elle était infatigable, aussi capable d’organiser un concert sur Les troubadours des trois cultures à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 1994 avec Jordi Savall et Montserrat Figueras, que de contribuer à la production d’une création chorégraphique originale aux Sables d’Olonne avec Celina Chaulvin, élève du Martha Graham Dance ensemble et Jean Vincent Boudic. Elle avait l’œil exercé d’un peintre et d’un photographe dont les œuvres furent exposées.
Sa silhouette menue comme sa présence nous manquent déjà. Nous ne l’oublierons pas.