La couleur du silence
Il existe soixante mots pour dire l’amour chez les Arabes, sonder son mystère, l’apprivoiser et c’est au sein d’Al Andalus qu’il a trouvé un terrain particulièrement propice à cet effet, au sein d’une société raffinée, célébrant la femme et exprimant également par la musique et la poésie sa joie de vivre et d’aimer.
Combien est beau ce jardin où les fleurs de la terre rivalisent d’éclat avec les astres des cieux. Que peut-on comparer à cette vaque d’albâtre pleine d’une eau cristalline ? Seule la lune dans toute sa splendeur brillante au milieu de l’éther sans nuage.
C’est au cœur du silence que la parole poétique se délivre au mieux, et nous révèle. Se nourrir de poésie a toujours été de ce fait essentiel à mes yeux. Mais les mots qui éclairent le chemin peuvent parfois et malgré eux, faillir. Elevez-vous au-dessus des mots jusqu’à un somment où tombe la poussière des étoiles, nous dit Khalil Gibran. La peinture une fois installée, est à son aise elle aussi, pour dire avec force le bruissement de la vie, la respiration du silence, et tout autant la fragilité de l’instant chargé d’émotion. La couleur du silence.
(Texte dit par le chancelier lors de la cérémonie d’adieu en l’hommage à Malika Pondevie, le16 mai 2023, Les sables d’Olonne).