A l’invitation de Martin Adjari, membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, Noëlle Ménard organisait le 17 novembre 2022 une journée exceptionnelle au Palais Garnier, à Paris. Les membres de l’académie présents, auxquels s’étaient joints Marie-Laure Prévost (Conservateur général honoraire de la BnF) et son époux, furent accueillis par Albane de Chatellus, responsable des Relations extérieures et du protocole.
Le matin, la visite du Musée Bibliothèque fut commentée par Anne Renoult, conservateur. Cette dernière avait préparé à l’intention des visiteurs un certain nombre d’objets rares et émouvants de la Bibliothèque Musée qu’elle commenta de façon précise et détaillée. Elle leur permit de découvrir à travers ces exemples l’exceptionnelle richesse documentaire de cette institution.
L’après-midi, le groupe fut convié à une autre visite des lieux, cette fois plus insolite. Accompagnés par Jean-Jacques Serres, guide passionnant et érudit, cette occasion privilégiée les conduisit à la découverte des coulisses du l’endroit comme des multiples métiers gravitant autour de la scène. Elle leur offrit de mieux comprendre l’envers du décor et sa complexité technique.
Rappel historique
Théâtre national, l’opéra Garnier rassemble en un même lieu prestigieux une académie de musique, de chorégraphie et de poésie lyrique. Il constitue par son esthétique monumentale un élément majeur du patrimoine de la capitale. Grand prix de Rome en 1948, Charles Garnier remporta le 30 mai 1861, à l’âge de 36 ans, le concours pour l’édification d’une « Académie impériale de musique et de danse » lancé six mois plus tôt. Ce projet concrétisait la décision de Napoléon III, à la suite de l’attentat manqué d’Orsini, rue Le Peletier (où se situait l’opéra éponyme) que soit édifiée une nouvelle salle en un lieu moins exposé. Le projet innovant et spectaculaire du jeune architecte, présenté au prince Alexandre Colonna Walewski, président du jury, remporta tous les suffrages, tant pour son esthétique monumentale que pour son aménagement intérieur et sa technicité. Garnier fut assisté dans la préparation de son esquisse par de nombreux amis et confrères de l’École des Beaux-Arts.
Les richesses artistiques du théâtre Garnier
Le département de la Musique du théâtre comprend un musée dédié au chant lyrique et à la danse. Il trouve son origine dans la collection initiale de « souvenirs pieux » légués par des chanteurs, danseurs, compositeurs, musiciens. On y trouve notamment une sélection effectuée parmi 2 500 maquettes de décors, 3 000 objets (dont 500 tableaux) et 3 000 bijoux de scène.
Le musée de la Bibliothèque-musée de l’Opéra
Consécutif à l’exposition théâtrale de l’Exposition Universelle de 1878 conçue par le dramaturge et librettiste Charles Nuitter, elle permit à ce dernier d’augmenter le fonds iconographique de la bibliothèque. Avocat à la cour de Paris, passionné de théâtre, d’opéra et de danse, Nuitter devint le premier archiviste de l’Opéra de Paris. Le musée fut inauguré le 24 octobre 1881 à l’occasion d’une représentation d’Hamlet, l’opéra d’Ambroise Thomas.
Le musée occupa l’ancien fumoir des appartements initialement dévolus à l’empereur. Sa reconnaissance officielle fut confirmée par un arrêté du 10 décembre 1881 définissant le règlement de la bibliothèque et des archives de l’Opéra. Ce texte stipulait l’organisation des collections en trois sections : les archives (auxquelles fut rattaché le nouveau musée), la bibliothèque musicale et la bibliothèque dramatique.
Modeste à ses débuts, le musée prit de l’ampleur sous la direction de Charles Malherbe qui organisa notamment une exposition d’autographes musicaux à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Il dirigea les travaux d’embellissements afin d’autoriser l’accès du musée à un plus large public en 1903. Il s’attacha à mettre en valeur les objets présentés dans différentes vitrines : affiches de l’Opéra, costumes, décors, objets de curiosités tels que l’encrier de Spontini, l’archet de Paganini ou les bombes d’Orsini. Par la suite les collections s’enrichirent de différentes acquisitions ou de l’adjonction de fonds nouveaux tel celui des Archives Internationales de la Danse en 1952.
Les évolutions du musée
Le musée de l’Opéra (l’un des Musées de la Bibliothèque nationale depuis le rattachement de la Bibliothèque-musée de l’Opéra à cette institution en 1935) évolua peu. Sa configuration actuelle tient aux travaux de rénovation réalisés en 1992 grâce à la contribution financière du ministère de la Culture et d’un mécénat privé. L’espace muséal fut agrandi, gagnant notamment la rotonde basse, côté jardin, prévue par Charles Garnier pour l’accueil des voitures impériales. Les locaux de la bibliothèque furent isolés du reste des espaces pour préserver le calme attendu des lecteurs.
Les espaces de magasins situés dans la partie publique du théâtre et la « galerie des guignols », dessinés par Charles Garnier, furent maintenus dans leur état originel, en parallèle de la création d’une galerie d’exposition permanente aux cimaises de verre et d’acier dessinées par Richard Peduzzi, présentant une sélection d’œuvres iconographiques sur la danse, l’architecture du théâtre et le décor. Enfin, le dispositif fut complété par un espace d’expositions temporaires.