Dans l’amphithéâtre du Conseil départemental de Loire-Atlantique,
Quai Ceineray à Nantes, s’est tenue
le mardi 17 mai 2022 à 18h00
la traditionnelle séance de printemps
de l’académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire.
En ouverture de la séance, Dominique Poirout, vice-présidente culture et patrimoine du conseil départemental de Loire-Atlantique, représentant Michel Ménard président de cette assemblée, a pris la parole. Dans une intervention juste et sensible, elle a évoqué l’espace essentiel de liberté que constitue dans le monde où nous vivons la littérature en général et les livres en particulier, soulignant leur apport décisif à l’ouverture des esprits comme à l’émancipation intellectuelle de chaque être humain. Pour cette raison, elle a accepté avec plaisir de s’exprimer sur le sujet, en lien avec ses propres convictions personnelles.
A sa suite, Dominique Pierrelée, chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire, a souligné l’importance que revêt l’intérêt porté par le département de Loire-Atlantique à l’action poursuivie par l’académie qu’il préside. Cette reconnaissance confirme pour lui, si besoin était, l’intérêt partagé pour ce même objet. Elle constitue également un encouragement pour l’académie à poursuivre ses actions en faveur des livres.
Il revint ensuite à Henri Copin d’évoquer les objectifs principaux de la soirée marquée par la remise du prix de Loire-Atlantique d’une part et du prix Yves Cosson de poésie de l’autre.
Prix de Loire-Atlantique 2022
Jean François Caraës, président du jury de ce prix, fut invité à présenter Laurence Moal qui s’est vu attribuer le Prix de Loire Atlantique 2022 pour son ouvrage intitulé Duchesses : Histoire d’un pouvoir au féminin en Bretagne, publié par les Presses Universitaires de Rennes (P.U.R). Comme il le rappelle, le jury a apprécié l’ouvrage non seulement pour l’originalité et le traitement du sujet évoqué, mais aussi pour son aspect pédagogique, notamment par certains parti-pris comme l’adjonction d’un « petit précis illustré » et d’annexes qui permettent à tout public d’y avoir accès.
L’illustration abondante et particulièrement bien choisie forme à elle seule un troisième niveau de lecture. Duchesses est en conclusion un livre destiné à tous publics, qui démythifie le Moyen-âge breton par le prisme des femmes qui y ont tenu le premier rôle.
Étudiante à l’université de Brest, Laurence Moal a réalisé sa maîtrise sous la direction de Jean Kerhervé : Bertrand d’Argentré : Patriote ou historien ?. Sous la direction du même professeur, elle soutint en 2007 sa thèse sur L’étranger en Bretagne aux XIVe et XVe siècles, publiée en 2008. Entre 2007 et 2011, elle fut chargée de cours à l’Université de Bretagne occidentale (site de Quimper) où elle assura des cours de paléographie, puis à l’Université de Rennes 2 où elle donne des cours d’histoire médiévale.
Chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, université de Bretagne occidentale), Laurence Moal est Professeur agrégé d’histoire et géographie au lycée Amiral Ronac’h de Brest, Docteur en histoire médiévale. Outre de nombreux articles publiés dans des revues nationales et régionales, Laurence Moal est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de Bretagne
- Auray 1364, un combat pour la Bretagne (2012)
- Du Guesclin, images et histoire (2015)
- Le Grand routier de Pierre Garcie dit Ferrande (2019)
Après avoir exprimé ses remerciements pour le prix qui lui a été attribué, Laurence Moal a expliqué le cheminement qui l’a conduit à adopter dans Duchesses la démarche méthodologique qui fut la sienne dans son précédent livre consacré à du Guesclin. Elle s’est prise au jeu consistant à mettre en lumière les particularités de ces femmes aux destins d’exception dont certaines ont certes pris la lumière davantage que d’autres, mais dont les trajectoires respectives méritaient d’être rappelées.
En savoir plus sur Laurence Moal
Université de Brest
Prix Yves Cosson de poésie 2022
Le prix Yves Cosson de poésie fut attribué à James Sacré pour l’ensemble de son œuvre. Henri Copin effectua la présentation du lauréat en présence (à distance par visioconférence), de ce dernier. Né en Vendée en 1939, ce poète vécut son enfance dans la ferme familiale. D’abord instituteur, il quitta la France pour mener une carrière universitaire aux Etats-Unis, au Smith College (Massachusetts), et une vie de voyages et de découvertes, dont celle de la poésie américaine.
Habitant Montpellier depuis une vingtaine d’années, son œuvre poétique est riche de près de 60 publications parues depuis les années 70. Elle est marquée par un double ancrage : dans le terroir et la langue de l’enfance d’une part, dans l’ailleurs et l’autre connus au long des voyages, en Europe, aux Etats-Unis, en Italie, au Maroc, d’autre part …
La langue poétique de l’auteur combine l’oralité et l’écrit, la prose et la musicalité. De nombreuses distinctions, études et colloques reconnaissent en lui l’un des premiers poètes de son temps, édité (entre autres) chez Tarabuste, Obsidiane, André Dimanche, Al Manar, et Gallimard collection Poésie.
Parmi ses publications les plus récentes figurent :
- America solitudes, André Dimanche, 2011
- Le paysage est sans légende, Al Manar
Dessins de Guy Calamusa, 2012, prix Max Jacob - Parler avec le poème, La Baconnière, 2013
- Ne sont-elles qu’images muettes et regards qu’on ne comprend pas ?
Lavis de Colette Deblé, Æncrages & Co, 2014 - Un désir d’arbres dans les mots
en collaboration avec Alexandre Hollan illustrateur, 2015 - Figures de silences, Tarabuste, 2018
- Prix Théophile-Gautier de l’Académie française
- Prix Roger-Kowalski ou grand prix de poésie de la ville de Lyon, 2019
- Sans place et Je s’en va, avec Antoine Emaz, Montpellier, Éditions Méridianes, 2019
- Quel tissu se déchire, Tarabuste, 2020
- Broussaille de bleus, avec des dessins de Jacquie Barral, Le Réalgar, L’Orpiment, 2021
- Figures de solitudes, Tarabuste, 2021
- Brouettes, dessins d’Yvon Vey, Obsidiane, 2022
Comme s’en explique de façon expressive James Sacré, j’ai pratiqué :
« la boulange de mon langage en mêlant, sans même trop y penser, et surtout sans souci de hiérarchie, le familier et le précieux, le parler réinventé en écrit et le patois avec ses tournures et souvent des mots qui n’ont pas vraiment d’équivalent en français ».
James sacre
Par écran interposé, James Sacré prit en retour la parole, remerciant l’académie pour la distinction reçue. Dans un propos emprunt de simplicité et de sensibilité, il évoqua le permanent mystère que constitue l’acte de poésie en lui-même dans sa recherche permanente de justesse du choix des mots afin d’exprimer la plus forte intensité émotionnelle.
La séance s’est poursuivie par la lecture par Michel Valmer de plusieurs textes du poète exprimant la richesse de sa palette littéraire, avant la clôture de la séance par un cocktail.
» On sait qu’on va continuer d’écrire et des éléments pour un prochain livre sont déjà là, disponibles, pour donner forme à ce désir d’écrire. Plutôt matière que forme. Il y a cette guenille de mots, bouchonnée salie de mensonges et d’effarante maladresse, des cahiers et carnets qui ne savaient ou n’osaient pas dire, des essais de poèmes partagés sans vergogne avec des camarades, parfois un professeur, cahiers et carnets qui disent pourtant, qui surtout disent l’indigence et la misère d’un rapport au monde, aux autres, à soi-même
James sacre
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