18/12/2018 : Séance solennelle de l’Académie, salle Vasse

A 18 heures, Noëlle Ménard, chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays-de-la-Loire ouvrit la séance solennelle du 18 décembre 2018 et présenta le programme de la soirée qui fut marqué par :

  • La réception de deux nouveaux membres, Annie Ollivier et Jörg Bong;
  • La présentation des Cahiers 2019 de l’Académie;
  • La remise du prix Robert Le Ricolais du livre d’architecture, attribué pour la première fois par l’Académie, et remis à Olivier Cinqualbre.

Présentation d’Annie Ollivier par Jean-Louis Liters

Dominique Pierrelée, secrétaire général de l’Académie, officia ensuite comme maître de cérémonie. Il appela en premier lieu Annie Olivier, pressentie pour rejoindre les rangs des académiciens. Jean-Louis Liters effectua la présentation de l’impétrante dans un dialogue avec cette dernière destiné à retracer les éléments essentiels de sa vie professionnelle.

Annie Ollivier et Jean-Louis Liters

Bibliothécaire engagée dans la promotion de la lecture, Annie Ollivier a exercé pendant 20 ans à la Bibliothèque municipale de Nantes (BMN) puis a dirigé les bibliothèques d’Aulnoy-Lez-Valenciennes (Nord) et La Tronche (en Isère). Luce Courville (directrice de la BMN de 1962 à 1987) lui a inculqué la philosophie du métier, l’importance de l’ouverture sur l’extérieur, le rôle de passeur… Parmi les souvenirs notables de son activité à Nantes, elle évoqua la bibliothèque de la rue Gambetta, le déménagement des fonds et leur transfert dans la nouvelle médiathèque Jacques Demy (1985), l’exposition Julien Gracq Paysages (1986) et la rencontre avec l’écrivain, les expositions Bébé bouquin, bébé câlin et le Rêve d’une ville, ainsi que la création de Matulu : Le petit canard nantais, organe d’information de la BMN créé par les Amis de la Bibliothèque (1993).

Elle a aussi dirigé la publication de Pas à page : Regards sur Nantes et la Loire-Atlantique (1993).

Elle a poursuivi son rôle de passeur dans le Nord et le Dauphiné, accueillant de nombreux écrivains qui ont pu dialoguer avec des lecteurs de tous âges. En 2014, la bibliothèque « Le Verbe être » à La Tronche a participé au Grand prix des bibliothèques organisé par le magazine Livres Hebdo et a reçu une distinction pour l’une des cinq bonnes idées repérées et appréciées du jury, la convivialité. Elle rappela également, non sans émotion, certains noms et visages qui ont marqué son itinéraire professionnel comme Luce Courville, Paul Louis Rossi, Jean Rouaud, Dany Laferrière, Hubert Ben Kemoun, avec une pensée particulière pour le poète Yves Cosson dont elle fut l’étudiante avant de le retrouver plus tard dans le cadre de ses fonctions.

Annie Ollivier a retrouvé Nantes en 2016. Elle s’investit dans les actions des Amis de la BMN et participe à la préparation du prochain numéro de la Nouvelle Revue nantaise consacré  à Julien Lanoë, le créateur de la Ligne de coeur, président de la Société des Amis du Musée des Beaux-Arts de 1936 à 1970.

Présentation de Jörg Bong (alias Jean-Luc Bannalec)

Michel Germain et Jean-Yves Paumier furent appelés ensuite par Dominique Pierrelée afin de présenter Jörg Bong, plus connu en France sous son nom de plume, Jean-Luc Bannalec. Auteur à succès, le tirage de ses livres s’élève aujourd’hui à 3 800 000 exemplaires en comptant les différentes éditions internationales. Jörg Bong est l’auteur à succès de la série de romans policiers mettant en scène de façon récurrente le commissaire Georges Dupin.

Né à Bad Godesberg en 1966, Jörg Bong est également éditeur, traducteur, critique littéraire et écrivain. Après des études universitaires à l’université rhénane Frédéric Guillaume de Bonn, il prépara à l’université Johann Wolfgang Goethe de Francfort une thèse de doctorat sur L’imagination et les enjeux esthétiques entre la fin du siècle des Lumières et le début du romantisme dans l’œuvre de Ludwig Tieck (1773-1853). Ce dernier, poète, traducteur, éditeur, romancier et critique, fut l’un des écrivains du premier romantisme allemand (cercle d’Iéna). En 1997, Jörg Bong rejoignit l’éditeur S. Fisher Verlag, fondé en 1886 par Samuel Fisher à Berlin, qui publia notamment les œuvres de Gerhard Hauptmann, Thomas Mann, Franz Kafka et Sigmund Freud. En complément, il est membre du comité de rédaction de la revue Neue Runschau, créée en 1890 par le critique d’art Otto Brahm et l’éditeur Samuel Fisher. Elle se consacra au début du siècle dernier à la promotion du naturalisme. Rainer Maria Rilke et Thomas Mann contribuèrent notamment à ce forum de la littérature contemporaine.

De gauche à droite : Michel Germain, Jörg Bong et Jean-Yves Paumier

Jörg Bong expliqua dans sa réponse que l’origine de son attirance pour la Bretagne tient pour une part à la lecture de Par les champs et par les grèves, récit du voyage effectué en mai 1847 par Gustave Flaubert et Maxime du Camp. Dès sa première visite dans la péninsule armoricaine, il fut saisi par l’atmosphère des lieux, la force des paysages maritimes, comme par l’imaginaire fécond de cette région. Résidant l’été dans le Finistère Sud, à Névez, c’est là qu’il conçut le personnage du commissaire Dupin dont sept épisode ont été publiés à ce jour (cinq ont déjà été traduits en français). Les romans ont pour trait récurrent le personnage central du commissaire Dupin, officier de police atypique, un peu désabusé, affecté à Concarneau pour des motifs imprécis. L’officier de police se révèle être gourmand, philosophe, adepte de l’intuition plus que de la déduction. Le succès du roman l’inscrivit dès sa parution dans la liste des best-sellers publié par Der Spiegel. Il conduisit au tournage d’une série télévisée intitulée Komissar Dupin, dont le premier épisode fut diffusé en Allemagne en 2014. À ce jour, six épisodes de 90 minutes ont été tournés, totalisant 4,5 millions de téléspectateurs.

Jean-Yves Paumier souligna ensuite – dans son propos à l’égard de Jörg Bong – l’évocation de Jules Verne dans l’un de ses livres, Péril en mer d’Iroise, prétexte à rappeler que l’auteur nantais est toujours apprécié des lecteurs allemands. Il précisa que nombre de policiers furent embarqués dans les aventures verniennes. Poursuivant son investigation, le chancelier d’honneur de l’Académie fit état d’un certain Dupin évoqué par Jules Verne, lui-même admirateur d’Edgar Poe, à qui il consacra une étude. Avant de conclure son propos en inscrivant Jean-Claude Bannalec « dans le sillage de Jules Verne », il souligna l’attirance pour la mer que manifestent les deux hommes et l’itinéraire parcouru par Jules Verne à bord du Saint-Michel II du Have à Nantes en 1877, le long des côtes bretonnes.

Remise de la médaille de la ville de Nantes

Après la présentation d’Annie Ollivier et de Jörg Bong, leur intronisation parmi les membres de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire ffut l’occasion d’applaudissements nourris de la part de l’assemblée. Maguy Salomon – conseillère municipale représentant Johanna Rolland maire de Nantes – fut appelée par Dominique Pierrelée afin de procéder à la remise de la médaille de la ville de Nantes à Annie Ollivier, à Jörg Bong, ainsi qu’à Olivier Cinqualbre, lauréat du Prix Robert Le Ricolais, présenté plus loin.

De gauche à droite : Maguy Salomon au micro, Noëlle Ménard, Jorg Bong, Annie Ollivier, Olivier Cinqualbre.

Présentation des Cahier 2019 de l’Académie

Il revint à Jean-François Caraes, coordonnateur de la publication de l’académie de présenter de façon humoristique et dynamique l’édition 2019 des Cahiers de l’académie, intitulée Le polar s’écrit à l’Ouest. Dans cette œuvre collective, les académiciens se sont livrés avec leur fantaisie et leur imagination coutumière à toutes sortes d’investigation autour des auteurs de romans-policiers, afin de livrer des témoignages, des enquêtes et des faits divers, ainsi que des digressions sur des thématiques poétiques ou littéraires liées au sujet. Jean-François Caraes rappela à grands traits les éléments les plus significatifs de cette publication qui constitue l’un des temps forts de l’activité de l’académie, en parallèle de ses autres actions régulières.

Remise du prix du livre d’architecture Robert Le Ricolais

Vint ensuite le temps de la remise du Prix Robert Le Ricolais du livre d’architecture, attribué pour la première fois en 2018 par l’académie grâce au mécénat du groupe Bâtisseur d’avenir (Bâti-Nantes). Architecte, mathématicien, peintre, poète, ami de René Guy Cadoux, Robert le Ricolais vécut à Nantes, puis à Orvault de 1943 à 1950, avant de partir enseigner aux États-Unis. Inventeur de formes innovantes, de structures et de calculs statiques nouveaux, il est le père des structures spatiales. En 1962, il reçut des mains d’André Malraux le Grand prix d’architecture, en reconnaissance de ses travaux souvent visionnaires. Le prestigieux Prix de l’institut américain des architectes lui fut attribué à la veille de sa mort, en 1976.

Dominique Pierrelée appela donc Olivier Cinqualbre, premier lauréat du prix pour son livre intitulé Jean Prouvé, bâtisseur, à venir sur scène où il fut présenté par Vincent Rousseau. Ce dernier rappela qu’architecte et historien de l’architecture, Olivier Cinqualbre est conservateur du patrimoine et chef du musée national d’Art moderne Centre de création industrielle, au centre Pompidou. Commissaire de nombreuses expositions, il dirigea un grand nombre de catalogues concernant Pierre Chareau, Renzo Piano, Mallet-Stevens, Richard Rogers et Jean Prouvé.

Dans le livre primé, Jean Prouvé, bâtisseur, Olivier Cinqualbre rappelle que, représentant imaginatif de la modernité architecturale, ce créateur concilia créativité et prise en compte des évolutions techniques de son temps. Ses archives ont été conservées dans les collections de la bibliothèque Kandinsky. Fils du peintre et sculpteur Victor Prouvé, les difficultés financières de sa famille le contraignirent à abandonner ses études. Ferronnier, il travailla d’abord chez Émile Robert à Enghien, puis chez Paul Szabo, avant d’ouvrir son atelier de 1924 à Nancy. C’est la qu’il concevra l’une de ses premières réalisations, sa chaise inclinable en tôle d’acier plié laqué. Ses créations pour des édifices privés lui valurent des commandes par des architectes en renom comme Robert Mallet-Stevens pour les ferronneries escamotables de la villa Noailles.

Jean Prouvé – La maison tropicale

Avec Pierre Jeanneret, il participa à la réalisation de maisons légères puis répondit à des commandes du Ministère de la Reconstruction. Il conçut des systèmes de façades légères exploitant le principe du profil raidisseur. La diversification de ses activités le conduisit à collaborer aux travaux de nombreux architectes et ingénieurs, exploitant notamment l’aluminium dans la conception des bâtiments. Titulaire de la chaire d’Arts appliqués du Conservatoire national des arts et métiers de Paris de 1957 à 1970, il expérimenta à la fin de sa carrière l’utilisation de nouveaux matériaux pour la construction. Il sera nommé président du jury international pour le concours du Centre national d’art et de culture voulu par le président Georges Pompidou et présidera le cercle d’études architecturales de 1971 à 1977.

e gauche à droite : Olivier Cinqualbre, Noëlle Ménard et François-Régis Bouyer

Au terme de cette présentation, François-Régis Bouyer, mécène du prix et dirigeant de Bâtisseurs d’avenir, fut appelé afin de remettre le prix au lauréat. Le chancelier Noëlle Ménard le remercia pour sa contribution effective à ce prix, avant de féliciter le lauréat.

A la fin de la séance solennelle du 18 décembre, les membres de l’Académie, le lauréat du Prix Robert Le Ricolais et l’ensemble du public présent furent conviés par le chancellier Noëlle Ménard au vin d’honneur offert par la mairie de Nantes, dans le foyer du théâtre.