Avec l’automne, le temps des couleurs et des saveurs …
Le 26 octobre 2022, à l’Hôtel du département de Loire-Atlantique, s’est déroulée la fameuse dictée Jules-Verne proposée par notre ami et membre d’honneur de l’Académie Jean-Pierre Colignon. Une centaine de personnes dont quelques jeunes se sont pressés dans l’auditorium pour tenter de déjouer les pièges d’une dictée consacrée au pays du Vignoble et aux cépages d’antan, car l’histoire contée se passait en l’an de grâce mille six cent cinquante-deux.
C’est par cette animation traditionnelle qu’a débuté la programmation des animations de l’Académie littéraire pour 2022-2023. Suivront en novembre la visite à l’Opéra de Paris puis en décembre le Café littéraire et la sortie du Cahier 2023 lors de la séance solennelle du 15 décembre qui se tiendra dans l’auditorium du Muséum d’Histoire naturelle. Dès janvier 2023, nous inviterons les « Amis » à partager un déjeuner littéraire consacré à Paul Guimard. D’autres surprises viendront durant le premier semestre de la nouvelle année en ce qui concerne notamment les prix littéraires. Un conseil pour cette fin d’année que je vous souhaite heureuse: lisez et offrez des livres.
Organisée conjointement par l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire et le Conseil départemental de Loire-Atlantique la Dictée Jules Verne s’est tenue :
Mercredi 26 octobre 2022 à 14h00 au Conseil départemental de Loire-Atlantique 3, Quai Ceineray à Nantes
Cette dix-septième édition a été remportée par Michel Preault, de Niort, avec un score remarquable de seulement trois fautes et demie.
Les deux lauréates : Michel Preault (senior) à gauche et junior à droite.
Le texte de la dictée:
Des célibataires parfois tout marris… Nantes, en l’an de grâce mille six cent cinquante-deux…
« Tu m’amuses, cadet, avec tes gros plans sur la comète ! », s’exclamait joyeusement Cyrano de Bergerac, à l’écoute des châteaux en Espagne qu’élaborait un des cadets de Gascogne alors qu’avec d’autres commensaux ils partageaient tous deux d’aimables flacons, pleins mais rapidement éclusés, de moelleux vins du Sud-Ouest.
Montés de Paris sur ordre de Mazarin, ces fils puînés désargentés de nobles familles gasconnes effectuaient en quelque sorte leur formation militaire « sur le tas », au sein de compagnies royales en principe cantonnées dans la capitale, que personne, bien évidemment, ne surnommait encore « la Ville Lumière ».
Mais les divines boutanches apportées avec le fourniment militaire habituel arrivaient à épuisement… et les boit-sans-soif s’inquiétaient des hypothétiques ressources viticoles du pays nantais
A priori, ici, on parlait bien davantage de cabernet franc que de petit verdot, de folle blanche et de pinot gris que de syrah, connue aussi sous le nom de shiraz. Hauts en couleur, et pourtant rompus aux galéjades, aux hâbleries, aux facéties et aux bobards, certains des cadets se sont retrouvés tout marris, dans le centre-ville, chez un commerçant que des Ligériens pince-sans-rire leur avaient soutenu être un marchand devin réputé.
En fait, ce quincaillier était en effet versé dans un domaine où s’illustrèrent jadis les chresmologues habilement attachés à s’exprimer en formules ambiguës, les haruspices (ou aruspices) plongés dans des entrailles, et les pythonisses connues pour leur boulimie, puisque l’on disait que partout la pythie vient en mangeant… Son épouse est également un phénomène : elle n’a pas son pair pour imiter à la perfection des cris d’animaux. Qui l’eût entendue, sans qu’on la vît, margot(t)er ou cacaber, se fût attendu à voir s’envoler à tire-d’aile une caille dodue ou une compagnie de perdrix !
Nos Gascons trouveront rapidement leur bonheur en de nombreux estaminets où de gouleyants vins des coteaux d’Ancenis et des muscadets sur lie combleront leur sempiternelle pépie… Et ils en viendront, le jour de la Saint-Amour, un peu avant la mi-août, à des confrontations de dégustation à l’aveugle de quinze vins… de Loire.
La salle du Conseil départemental pendant l’épreuve.
Dictée conçue par Jean-Pierre Colignon.
Chef du service correction puis médiateur linguistique au journal Le Monde pendant une vingtaine d’années, rédacteur, cruciverbiste, auteur de chroniques langagières, membre de commissions ministérielles de terminologie et « coach » en langue française, Jean-Pierre Colignon est une référence en matière d’orthographe.
Membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire depuis 1991, il conçoit et anime chaque année de nombreuses dictées.
Auteur d’un blog passionnant sur tout ce qui concerne l’orthographe et le « bien écrire », Jean-Pierre Colignon a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels :
Accords parfaits, Edisens, 2021
Un point c’est tout, la ponctuation efficace, Edisens, 2021
Dictionnaire orthographique moderne, Éditions du CFPJ, 2019
Avoir une belle plume, de Boeck, 2017
Pour ne plus faire de fautes d’orthographe, Éditions de l’opportun, 2012
Dominique Pierrelée, PIlar Martinez Vasseur, Thierry Froger, Jacques Gonzales
Affluence au château des ducs de Bretagne pour la remise des prix littéraires 2022 à Thierry Froger et à Jacques Gonzales ainsi qu’à la réception de Pilar Martinez Vasseur, nouveau membre, présentée par Philippe Josserand. La cérémonie était présidée par Émilie Bourdon, conseillère déléguée Culture et proximité qui a remis la médaille de la Ville de Nantes aux lauréats et à Pilar Martinez Vasseur. Pour terminer , Xavier Ménard a lu en castillan deux poèmes de Federico Garcia Lorca et Éric Chartier a fait un hommage à Marcel Proust
PIlar Martinez VasseurEmilie Bourdon et Thierry FrogerJacques Gonzales
Thierry Froger. Et pourtant, ils existent. Actes Sud
Thierry Froger est professeur à l’École des Beaux-Arts de Nantes
Entre l’assassinat de Jaurès et la guerre d’Espagne, entre la grande Histoire et les vies minuscules, comment s’écrit et se détricote la légende des héros ambigus. «Et pourtant ils existent »reconstruit patiemment et non sans malice les exploits questionnables de Florentin Bordes, soldat têtu de la liberté, totem de sa propre famille, au cœur d’un tourbillon romanesque où les voix se répondent, se poursuivent, se contredisent pour démêler équivoques du réel, vérités improbables et infaillibles hypothèses de la fiction. Thierry Froger signe un roman fête foraine dont chaque attraction serait un point de bascule du XXe siècle. Grisant.
Grand prix Jules Verne
Jacques Gonzales. Décrire la terre, Écrire le monde. Glénat
Le livre du bicentenaire de la Société de Géographie, coédité par Glénat
Historien de la médecine, l’auteur a publié notamment une histoire de la procréation humaine. Il est aussi secrétaire général de la Société de géographie depuis 2013 et membre du comité de rédaction de La Géographie Terre des hommes. Auteur de nombreuses publications, il enseigne également en économie et géographie de la santé.
Dans l’amphithéâtre du Conseil départemental de Loire-Atlantique, Quai Ceineray à Nantes, s’est tenue le mardi 17 mai 2022 à 18h00 la traditionnelle séance de printemps de l’académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire.
En ouverture de la séance, Dominique Poirout, vice-présidente culture et patrimoine du conseil départemental de Loire-Atlantique, représentant Michel Ménard président de cette assemblée, a pris la parole. Dans une intervention juste et sensible, elle a évoqué l’espace essentiel de liberté que constitue dans le monde où nous vivons la littérature en général et les livres en particulier, soulignant leur apport décisif à l’ouverture des esprits comme à l’émancipation intellectuelle de chaque être humain. Pour cette raison, elle a accepté avec plaisir de s’exprimer sur le sujet, en lien avec ses propres convictions personnelles.
Dominique Pierrelée (Chancelier) et Dominique Poirout (Vice-présidente du Conseil départemental) Photo : Xavier Ménard
A sa suite, Dominique Pierrelée, chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire, a souligné l’importance que revêt l’intérêt porté par le département de Loire-Atlantique à l’action poursuivie par l’académie qu’il préside. Cette reconnaissance confirme pour lui, si besoin était, l’intérêt partagé pour ce même objet. Elle constitue également un encouragement pour l’académie à poursuivre ses actions en faveur des livres.
Il revint ensuite à Henri Copin d’évoquer les objectifs principaux de la soirée marquée par la remise du prix de Loire-Atlantique d’une part et du prix Yves Cosson de poésie de l’autre.
De gauche à droite, N. Ménard (chancelier d’honneur), D. Pierrelée (chancelier), L. Moal (lauréate du Prix de Loire-Atlantique), J.-F. Caraës (Pdt. du Jury), J.-Y. Paumier (chancelier d’honneur) Photo: X. Ménard
Prix de Loire-Atlantique 2022
Jean François Caraës, président du jury de ce prix, fut invité à présenter Laurence Moal qui s’est vu attribuer le Prix de Loire Atlantique 2022 pour son ouvrage intitulé Duchesses : Histoire d’un pouvoir au féminin en Bretagne, publié par les Presses Universitaires de Rennes (P.U.R). Comme il le rappelle, le jury a apprécié l’ouvrage non seulement pour l’originalité et le traitement du sujet évoqué, mais aussi pour son aspect pédagogique, notamment par certains parti-pris comme l’adjonction d’un « petit précis illustré » et d’annexes qui permettent à tout public d’y avoir accès.
L’illustration abondante et particulièrement bien choisie forme à elle seule un troisième niveau de lecture. Duchesses est en conclusion un livre destiné à tous publics, qui démythifie le Moyen-âge breton par le prisme des femmes qui y ont tenu le premier rôle.
Étudiante à l’université de Brest, Laurence Moal a réalisé sa maîtrise sous la direction de Jean Kerhervé : Bertrand d’Argentré : Patriote ou historien ?. Sous la direction du même professeur, elle soutint en 2007 sa thèse sur L’étranger en Bretagne aux XIVe et XVe siècles, publiée en 2008. Entre 2007 et 2011, elle fut chargée de cours à l’Université de Bretagne occidentale (site de Quimper) où elle assura des cours de paléographie, puis à l’Université de Rennes 2 où elle donne des cours d’histoire médiévale.
Chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, université de Bretagne occidentale), Laurence Moal est Professeur agrégé d’histoire et géographie au lycée Amiral Ronac’h de Brest, Docteur en histoire médiévale. Outre de nombreux articles publiés dans des revues nationales et régionales, Laurence Moal est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de Bretagne
Laurence Moal lors de sa réponse à Jean-François Caraës
Auray 1364, un combat pour la Bretagne (2012)
Du Guesclin, images et histoire (2015)
Le Grand routier de Pierre Garcie dit Ferrande (2019)
Après avoir exprimé ses remerciements pour le prix qui lui a été attribué, Laurence Moal a expliqué le cheminement qui l’a conduit à adopter dans Duchesses la démarche méthodologique qui fut la sienne dans son précédent livre consacré à du Guesclin. Elle s’est prise au jeu consistant à mettre en lumière les particularités de ces femmes aux destins d’exception dont certaines ont certes pris la lumière davantage que d’autres, mais dont les trajectoires respectives méritaient d’être rappelées.
Le prix Yves Cosson de poésie fut attribué à James Sacré pour l’ensemble de son œuvre. Henri Copin effectua la présentation du lauréat en présence (à distance par visioconférence), de ce dernier. Né en Vendée en 1939, ce poète vécut son enfance dans la ferme familiale. D’abord instituteur, il quitta la France pour mener une carrière universitaire aux Etats-Unis, au Smith College (Massachusetts), et une vie de voyages et de découvertes, dont celle de la poésie américaine.
Habitant Montpellier depuis une vingtaine d’années, son œuvre poétique est riche de près de 60 publications parues depuis les années 70. Elle est marquée par un double ancrage : dans le terroir et la langue de l’enfance d’une part, dans l’ailleurs et l’autre connus au long des voyages, en Europe, aux Etats-Unis, en Italie, au Maroc, d’autre part …
La langue poétique de l’auteur combine l’oralité et l’écrit, la prose et la musicalité. De nombreuses distinctions, études et colloques reconnaissent en lui l’un des premiers poètes de son temps, édité (entre autres) chez Tarabuste, Obsidiane, André Dimanche, Al Manar, et Gallimard collection Poésie.
Parmi ses publications les plus récentes figurent :
America solitudes, André Dimanche, 2011
Le paysage est sans légende, Al Manar Dessins de Guy Calamusa, 2012, prix Max Jacob
Parler avec le poème, La Baconnière, 2013
Ne sont-elles qu’images muettes et regards qu’on ne comprend pas ? Lavis de Colette Deblé, Æncrages & Co, 2014
Un désir d’arbres dans les mots en collaboration avec Alexandre Hollan illustrateur, 2015
Figures de silences, Tarabuste, 2018
Prix Théophile-Gautier de l’Académie française
Prix Roger-Kowalski ou grand prix de poésie de la ville de Lyon, 2019
Sans place et Je s’en va, avec Antoine Emaz, Montpellier, Éditions Méridianes, 2019
Quel tissu se déchire, Tarabuste, 2020
Broussaille de bleus, avec des dessins de Jacquie Barral, Le Réalgar, L’Orpiment, 2021
Figures de solitudes, Tarabuste, 2021
Brouettes, dessins d’Yvon Vey, Obsidiane, 2022
Comme s’en explique de façon expressive James Sacré, j’ai pratiqué :
« la boulange de mon langage en mêlant, sans même trop y penser, et surtout sans souci de hiérarchie, le familier et le précieux, le parler réinventé en écrit et le patois avec ses tournures et souvent des mots qui n’ont pas vraiment d’équivalent en français ».
James sacre
Par écran interposé, James Sacré prit en retour la parole, remerciant l’académie pour la distinction reçue. Dans un propos emprunt de simplicité et de sensibilité, il évoqua le permanent mystère que constitue l’acte de poésie en lui-même dans sa recherche permanente de justesse du choix des mots afin d’exprimer la plus forte intensité émotionnelle.
J. Sacré (écran à gauche) participant à distance à la séance.
La séance s’est poursuivie par la lecture par Michel Valmer de plusieurs textes du poète exprimant la richesse de sa palette littéraire, avant la clôture de la séance par un cocktail.
» On sait qu’on va continuer d’écrire et des éléments pour un prochain livre sont déjà là, disponibles, pour donner forme à ce désir d’écrire. Plutôt matière que forme. Il y a cette guenille de mots, bouchonnée salie de mensonges et d’effarante maladresse, des cahiers et carnets qui ne savaient ou n’osaient pas dire, des essais de poèmes partagés sans vergogne avec des camarades, parfois un professeur, cahiers et carnets qui disent pourtant, qui surtout disent l’indigence et la misère d’un rapport au monde, aux autres, à soi-même
Le Prix Yves Cosson de Poésie 2022 de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire est décerné à James SACRÉ
Né en Vendée en 1939, James Sacré vécut enfant et adolescent dans la ferme familiale. D’abord instituteur, il a ensuite quitté la France pour une carrière universitaire aux Etats-Unis, au Smith College (Massachusets), et une vie de voyages et de découvertes, dont celle de la poésie américaine. De retour en France il y a près de 20 ans, il vit à Montpellier.
James Sacré, Photo. M. Durigneux
Son œuvre poétique, près de 60 publications depuis les années 70, est profondément marquée par une double postulation : celle du terroir et de la langue de l’enfance, celle de l’ailleurs et de l’autre perçus au long des voyages. La langue prend ainsi en compte l’oralité et l’écrit, la prose et la forme poétique. De nombreuses distinctions, études et colloques reconnaissent en lui l’un des premiers poètes de son temps.
Il est édité (entre autres) chez Tarabuste, Obsidiane, André Dimanche, Al Manar, et Gallimard collection Poésie.
J’ai pratiqué, déclare-t-il, « la boulange de mon langage en mêlant, sans même trop y penser, et surtout sans souci de hiérarchie, le familier et le précieux, le parler réinventé en écrit et le patois avec ses tournures et souvent des mots qui n’ont pas vraiment d’équivalent en français »
Quelques titres, parmi tant :
Quel tissu se déchire ?, éd. Tarabuste, coll. Reprises, 240 p.
Les arbres sont aussi du silence, encres de Chine de Raphaël Segura, éd. Voix d’encre, 84 p.
Figures qui bougent un peu et autres poèmes, préface d’Antoine Emaz, éd. Gallimard, coll. Poésie/Gallimard, 280 p.
Le prix Yves Cosson sera remis à James Sacré mardi 17 mai 2022 au Conseil Départemental de Loire-Atlantique.
Le prix de Loire-Atlantique 2022 a été attribué à Laurence Moal pour son ouvrage Duchesses, histoire d’un pouvoir au féminin en Bretagne édité aux Presses universitaires de Rennes.
L’ouvrage :
Depuis plusieurs années maintenant, les femmes font l’objet de travaux historiques, et les études, expositions, colloques, journées d’études et parution de publications ont ponctué les agendas des chercheurs, des amateurs et aussi du grand public. Dans l’histoire médiévale de Bretagne, les duchesses présentaient un sujet de choix qu’il appartenait à une femme de traiter : Laurence Moal s’y est attelée et a pu produire le volume conséquent de 326 pages largement illustré primé par l’Académie. Son sous-titre – « histoire d’un pouvoir au féminin en Bretagne » – est en soi un programme et l’annonce du contenu d’un ouvrage particulièrement bien préfacé par Jean Kerhervé, professeur émérite d’histoire médiévale.
Le propos est déroulé en trois parties : d’abord la place des duchesses dans la sphère publique et leur place dans l’action politique, ensuite leur vie dans l’espace privé jamais complètement privé, enfin la perception que l’on en a eu après elles, entre imaginaire et folklore. C’est ainsi le parcours de 28 femmes qui forme la matière vivante de cette histoire singulière : duchesses, épouses, mères, travail que Jean Kerhervé salue comme « richement documenté, neuf, original ».
A la lecture des 190 pages premières pages, l’histoire des duchesses elles-mêmes, on constate que les clichés ont la vie dure et que les images des princesses ont été souvent revisitées, magnifiées ou dénigrées ; mais ces femmes ont aussi été fréquemment l’objet de discours et d’objets représentés. L’excellente démonstration de Laurence Moal permet de les remettre à leur juste place dans l’histoire de Bretagne et au sein de la société médiévale, et de mieux comprendre toute la place qu’elles doivent y occuper. A elles seules, elles gardent toujours une place de choix dans l’imaginaire breton.
L’ouvrage est complété par un important corpus de notices très illustrées – près de 70 pages – intitulé « petit précis illustré du temps des duchesses ». C’est là un outil pédagogique particulièrement précieux et indispensable pour le lecteur qui ne maîtrise pas toutes les subtilités du langage et des concepts médiévaux, et qui rend la publication de Laurence Moal accessible à tous. Il est accompagné – et c’est naturel – d’annexes qui comprennent la liste exhaustive des duchesses avec une brève notice récapitulative pour chacune d’elles, les indispensables tableaux généalogiques, des repères chronologiques qui permettent de s’y retrouver dans l’histoire de l’Europe médiévale, les sources (imprimées ; les nombreuses références d’archives figurent dans les notes reportées en fin de parties) et une bibliographie sélective, enfin, les index des noms de lieux et de personnes.
Duchesses n’est pas un livre de circonstance sur le sujet des femmes, c’est le livre sur les princesses qui ont tenu un rôle de premier plan dans l’histoire de la Bretagne au Moyen-Age, qui montre comment et pourquoi le pouvoir a toujours été partagé, non seulement sur le plan des institutions, mais aussi par la place qu’ont pu et voulu tenir les « femmes de pouvoir ».
L’appréciation du jury :
Le jury du prix de Loire-Atlantique a apprécié cet ouvrage non seulement pour l’originalité et le traitement très sérieux du sujet, mais aussi par son aspect pédagogique, avec le « petit précis illustré » et les annexes qui permettent à tout public d’y avoir accès. L’illustration abondante et particulièrement bien choisie constitue à elle seule un troisième niveau de lecture, Duchesses est un livre destiné à tous publics, qui démythifie le Moyen-âge breton par le prisme des femmes qui y ont tenu le premier rôle.
L’auteur :
Laurence Moal, est chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, université de Bretagne occidentale), professeur agrégé d’histoire et géographie au lycée Amiral Ronac’h de Brest, docteur en histoire médiévale, auteur d’une thèse sur L’étranger en Bretagne au Moyen-âge, publiée en 2008. Outre de nombreux articles publiés dans des revues nationales et régionales, elle est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de Bretagne : Auray 1364, un combat pour la Bretagne (2012), Du Guesclin, images et histoire (2015), Le Grand routier de Pierre Garcie dit Ferrande (2019).
Les autres titres en compétition :
Jacques Dabreteau, Stéphane Haugommard, La basilique Saint-Donatien, Coiffard
Coll., Jean Bouchaud, regards sur le monde, catalogue d’exposition, Gent, Snoek
Pascaline Vallée, L’usine LU : des Lefèvre-Utile au Lieu unique, éd. 303
Alejandro Gómez Vivez, Florian Riffet, Le village vertical, La Maison radieuse de Le Corbusier à Rezé, éditions Bow-Window
Réuni le mardi 5 avril le jury du Prix de l’Académie a décerné cette distinction à Thierry Froger pour Et pourtant ils existent publié par Actes Sud.
Ecrivain, poète et plasticien, le lauréat, né le 2 juillet 1973 à Angers, vit actuellement et travaille près de Clisson. Son enfance fut influencée par la lumière des paysages ligériens, entre La Pommeraye et Chalonnes.
Agrégé d’arts plastiques, professeur d’enseignement artistique à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire depuis 2020, il a auparavant enseigné pendant vingt ans en lycée.
Son œuvre littéraire s’inscrit dans la perspective de son projet artistique. Ses récits associent plusieurs fils narratifs entrelacés.
Les raisons du jury
Le jury a apprécié cette intrigue peu conventionnelle et la construction « savante » qui mêle plusieurs narrations et plusieurs époques.
De Paris à Madrid en passant par Ibiza et Albi, de l’assassinat de Jaurès à nos jours en passant par la guerre d’Espagne, Thierry Froger nous conte l’étrange destin de Raoul Villain, l’assassin de Jaurès…
Un roman choral où des vies minuscules rencontrent la grande Histoire.
Une fresque où la légende et l’imaginaire côtoient des faits réels. Entre fiction et réalité, entre imagination et mensonge Thierry Froger sait réinventer avec humour l’Histoire et dresser des portraits de personnages fictifs et attachants qui interrogent notre rapport au réel et à la vérité.
La sélection finale avait retenu, avant le vote final, les trois livres suivants :
Tanguy Viel, La fille qu’on appelle, Editions de Minuit Marie Vingtras, Blizzard, Editions de l’Olivier Thierry Froger,Et pourtant ils existent, Actes Sud
La sélection initiale comprenait huit livres :
La définition du bonheur Catherine Cusset (Gallimard) Et pourtant ils existent, Thierry Froger (Actes Sud) Le festin des hyènes Fabienne Juhel (Rouergue) Un libraire Mérédith Le Dez (Philippe Rey) Le Consul breton, les neuf vies de l’aventurier Yves Le Roux (1887-1971), Olivier le Dour (Les portes du large) Revenir fils Christophe Perruchas (Rouergue) La fille qu’on appelle Tanguy Viel (Minuit) Blizzard Marie Vingtras (Éditions de l’Olivier)
La séance fut ouverte à 18h00 par Dominique Pierrelée, chancelier de l’académie littéraire de Bretagne des pays de la Loire, et par Michel Cocotier, conseiller municipal, délégué à la lecture publique, représentant la ville de Nantes.
Dominique Pierrelée (à droite) et Denis Moreau (à gauche)
Outre les nombreux académiciens fut remarquée dans l’assemblée la présence de :
Didier Martin, préfet de la région des Pays de la Loire ;
Noëlle Ménard, chancelier d’honneur de l’Académie ;
Jean-Yves Paumier, chancelier d’honneur de l’Académie.
De gauche à droite : Jean-Yves Paumier, Didier Martin, Noëlle Ménard, Philippe Josserand.
I – Présentation du Cahier 2022 de l’Académie
Destins des femmes de l’Ouest Escapade en presqu’île guérandaise
Dans un premier temps, Jean-François Caraës présenta avec humour l’édition 2022 du cahier de l’académie dont il a assuré la coordination, collectant les contributions des académiciens, supervisant la mise en page et l’édition.
Sommaire du Cahier 2022
Destin de femmes de l’Ouest : De Bretagne et de Loire.
Ermengarde de Bretagne (1067-1147) – Une vie intérieure (D. Pierrelée)
De Nantes à Saumur, le regard d’une Anglaise en 1785 (Cl. Giraud-Labalte)
Deux visages féminins, deux poètes celtes (Gh. Lejard)
Benoîte Groult : De Concarneau à Doëlan, la Bretagne au cœur (A. Ollivier)
Mona Ozouf, une Bretagne matricielle (O. Grenouilleau)
Destin de femmes de l’Ouest : Par la plume, la musique et le sport.
Marie Pape-Carpantier : l’école maternelle et les leçons de choses (X. Noël)
Mélanie Waldor (1796-1871) (Ch. Robin)
Madeleine Vivan ou dans la famille Dallet, je demande la fille (J.-L. Liters)
« Comme la plume au vent » Yvonne Meynier (N. Ménard)
Clémence Royer, La plus savante des savants (M. Pondevie)
Marguerite Le Meignen : 34 ans au service de la musique (P. Barbier)
Qui se souvient d’Alice Milliat ? (M. Valmer et Gh. Lejard )
Destin de femmes de l’Ouest : Autour de nous.
Bottin de coeur : Elles ont sauvé la tour ! (J. Amyot d’Inville)
Irma Kalt, princesse des lignes (Ph. Josserand)
Trois poètes pour « un temps de manque » : Cathie Barreau, Albane Gellé,
Luce Guilbaud (Fr. Nicol)
L’ouïe-lumière : Nathalie Fréour, pastels de la terre et du ciel (H. Copin)
Escapade en presqu’île guérandaise
L’Académie et la presqu’île guérandaise (J.-Y. Paumier)
Lettres de pays (D. Pierrelée)
Sandeau, Balzac et Flaubert dans la presqu’île ! (M. Germain)
Piriac et Mesquer en poésie (N. Ménard)
Avec Julien Gracq, le temps retrouvé de la presqu’île (J. Boislève)
Le Croisic, port d’Art et d’Histoire (J.-Y. Paumier)
L’improbable destin des cousines de la Presqu’île (A. George)
Le sel des langues (G. Bouatchidzé)
Dans les marais-salants de Pont d’Armes : La Légende des Immobiles (X. Noël)
Pêcheries écrites, pêcheries dessinées : du Roman de Thèbes aux dessins de Victor Hugo (M.-L. Prévost)
Dans le rétroviseur
L’Académie de Bretagne et des Pays de la Loire a 70 ans
Jean de Malestroit (1932-2021), chancelier d’honneur (1976-2000)
Marie-Laure Prévost, nouveau membre d’honneur de l’Académie
Dominique Pierrelée, Chancelier de l’Académie
Nantes en francophonie : Le Fagot de ma mémoire et La Belle d’Occident (H. Copin)
Prix littéraires
Publications des Académiciens
Distinctions des Académiciens
Remerciements
Liste des membres
II – Réception de Denis Moreau
La séance s’est poursuivie ensuite par la présentation de Denis Moreau, nouveau membre de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, par Philippe Josserand.
Denis Moreau (premier plan), Philippe Josserand (second plan)
Né à Bordeaux en 1967, cet ancien élève de l’ENS-Ulm et membre « junior » de l’Institut universitaire de France, est agrégé et docteur en philosophie. Professeur d’histoire de la philosophie moderne et de philosophie de la religion à l’université de Nantes. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.
Bibliographie : ouvrages publiés par Denis Moreau
I- Editions et traductions, souvent à partir du latin : Somme contre les Gentils de Thomas d’Aquin, Paris, Garnier-Flammarion, 1999 ; Discours de la méthode de Descartes, Paris, Le Livre de Poche, 2000 ; Textes philosophiques d’Antoine Arnauld, Paris, PUF, 2001 ; Principes de la philosophie de Descartes, Paris, Vrin, 2009.
II- Etudes sur Descartes et le cartésianisme : Deux cartésiens. La polémique entre Antoine Arnauld et Nicolas Malebranche, Paris, Vrin, 1999 ; Malebranche, Paris, Vrin, 2004 ; Dans le milieu d’une forêt. Essai sur Descartes et le sens de la vie, Paris, Bayard, 2012 ; La Philosophie de Descartes, Paris, Vrin, 2016.
III – Ouvrages destinés au grand public dans lesquels il réfléchit notamment, et en philosophe, sur le christianisme : Les Voies du salut. Un essai philosophique, Paris, Bayard, 2010 ; Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations, Paris, Seuil, 2014 ; Mort, où est ta victoire ? Paris, Bayard, 2017; Comment peut-on être catholique ? , Paris, Seuil, 2018 ; Y a-t-il une philosophie chrétienne ? Trois essais, Paris, Seuil, 2019 ; Nul n’est prophète en son pays. Ces paroles d’Évangiles aux origines de nos formules familières, Paris, Seuil, 2019
Il est également auteur d’un roman (Dans l’ombre d’Adam, Paris, L’Œuvre, 2013) et a co-dirigé, avec Cyrille Michon, un Dictionnaire des monothéismes, Paris, Seuil, 2013.
III – Lectures
Le 3e temps de la séance officielle fut consacré à différentes lectures effectuées par des membres de l’académie.
Michel Valmer présenta des textes du poète René Guy Cadou.
Annie Ollivier donna lecture d’un extrait de L’ironie du sort de Paul Guimard.
Le 3 mars 2021, Paul Guimard aurait eu 100 ans. Né à Saint-Mars la Jaille, il vécut ensuite à Nantes où il a débuté sa carrière de journaliste. Homme de radio, éditeur, conseiller du président, écrivain, il est l’auteur de romans (Les Faux frères, Rue du Havre [ prix Interallié 1957], lesChoses de la vie…..), de pièces de théâtre et de poèmes.
Liens de Paul Guimard avec l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire 1961 : Reçoit le Grand prix de l’Académie pour L’Ironie du sort 1965-1973 : Devient membre actif 1965-2004 : Devient membre d’honneur
Eric Chartier déclama un texte de Victor Hugo, « La Pieuvre »
« Pour croire à la pieuvre, il faut l’avoir vue. Comparées à la pieuvre, les vieilles hydres font sourire. À de certains moments, on serait tenté de le penser, l’insaisissable qui flotte en nos songes rencontre dans le possible des aimants auxquels ses linéaments se prennent, et de ces obscures fixations du rêve il sort des êtres. L’inconnu dispose du prodige, et il s’en sert pour composer le monstre. Orphée, Homère et Hésiode n’ont pu faire que la Chimère ; Dieu a fait la pieuvre. Quand Dieu veut, il excelle dans l’exécrable. Le pourquoi de cette volonté est l’effroi du penseur religieux. Tous les idéals étant admis, si l’épouvante est un but, la pieuvre est un chef-d’œuvre. »
Dessin de Victor Hugo vers 1866. Plume, pinceau, encre brune et lavis sur papier crème (357 x 259 mn) Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, NAF 247452, fol. 382
En conclusion de la séance, Didier Martin, Préfet de la région des Pays de la Loire, fut invité à prendre la parole.