14/05/2024 : Séance publique de l’académie au Conseil départemental de Loire-Atlantique

Le mardi 14 mai eut lieu la traditionnelle séance de printemps de l’académie littéraire de Bretagne et des pays de la Loire, au Conseil départemental de Loire-Atlantique, quai Ceineray, à Nantes.

À l’ouverture de la séance, Karine Paviza, Conseillère départementale, membre de la commission citoyenneté, représentant Monsieur Michel Ménard, Président du Conseil départemental de Loire-Atlantique, a rappelé l’importance du livre et de la lecture dans un contexte socio-économique où se perdent les références culturelles classiques.

Dominique Pierrelée et Karine Paviza

Dominique Pierrelée, chancelier de l’académie littéraire, répondit à ses propos en soulignant l’attachement de l’institution qu’il préside aux principes de la littérature dans la diversité de ses expressions artistiques, de la prose à la poésie notamment. Rappelant les principales missions qui sont celles de l’académie, il remerciait le conseil départemental pour le soutien qu’il lui apporte dans son action, et en particulier dans l’attribution du prix de Loire-Atlantique.

Animateur de la séance, Henri Copin, président du jury du prix Yves Cosson de Poésie, rappela l’ordre du jour de la soirée avant de passer la parole à Ghislaine Lejard afin d’évoquer la mémoire du poète et éditeur de poésie Jean Lavoué, décédé le 8 mai 2024 à Hennebont, où il s’était installé il y a trente ans. Il était né le 25 mars 1955 à La Fresnais (près de Saint-Malo).

Fondateur de la maison d’édition L’Enfance des arbres en 2017, à Hennebont, il consacra sa retraite à l’écriture et à la poésie, puisant notamment dans ses promenades le long du Blavet l’inspiration de nombre de ses poèmes imprégnés de nature. 

Pour ses recueils de poésie, il avait reçu en 2019 le prix Yves Cosson de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Il fut sensible à cette distinction que plusieurs de ses amis (Yvon Le Men, Gérard Le Gouic et Pierre Tanguy notamment) avaient déjà reçu.

Photo de couverture du livre « Des clairières en attente » de Jean Lavoué. Publication Médiaspaul 2021 (Photo de l’auteur)

Parmi ses derniers ouvrages publiés figurent :

  • 2022 : Le poème à venir, pour une spiritualité des lisières
  • 2021 : Voix de Bretagne : Le chant des pauvres, évoquant les visages de Michel Le Bris, Armand Robin, Yann-Fañch Kemener, Anjela Duval, Guillevic, Jean Sulivan, René Guy Cadou, Max Jacob, Georges Perros et Xavier Grall.

Henri Copin appela ensuite Hervé Carn à le rejoindre à la tribune pour la remise du Prix Yves Cosson de Poésie qui rappelle la mémoire de ce poète, universitaire, membre de l’Académie de 1960 à 2012 dont il fut le secrétaire général de 1968 à 1992. Le prix distingue un poète pour l’ensemble de son œuvre. Cette dernière doit avoir un lien avec la Bretagne ou les Pays de la Loire.

Écrivain né le 30 avril 1949 à Fumay (Ardennes), d’une famille originaire du Finistère, Hervé Carn passe son enfance et son adolescence dans les Ardennes. Son lien avec la Bretagne tient à ses racines familiales locales et aux vacances qu’il passe à Brest, dans la presqu’île de Crozon et à Plonévez-du-Faou. Par la suite, il effectue ses études universitaires à Charleville et à Paris jusqu’à l’agrégation puis un doctorat de littérature française.

En 1973, il décida d’aller vivre à Quimper avant de s’installer en 1980 à Plancoët, ou il demeure aujourd’hui encore. Auteur de romans, d’essais, de poèmes, Hervé Carn a très tôt la conviction que ces activités recèlent plus de différences que de ressemblances, tant par les postures d’écriture, les matériaux employés que l’investissement qu’ils nécessitent. Attentif à la qualité matérielle de ses livres, il partage cette préoccupation avec la plupart de ses éditeurs. Associé à de nombreuses revues internationales (NRF, Serta, Les Lettres françaises, Europe…), ses textes sont traduits en polonais, allemand, espagnol, galicien, anglais et italien. Présent dans plusieurs anthologies de romans ou de poésie, il a participé à de nombreux livres de luxe ou d’artiste en France comme à̀ l’étranger.

De gauche à droite : Hervé Carn, Henri Copin et Jacques Boislève.

Avant la remise de son prix, Henri Copin puis Jacques Boislève soumirent Hervé Carn à plusieurs questions concernant son œuvre et ses sources d’inspiration pour l’un et l’intérêt qu’il porta à Julien Gracq pour l’autre. Jacques Boislève fut en effet un ami de l’auteur de l’ouvrage Le rivage des Syrtes, à qui il rendit de nombreuses visites à Saint-Florent-le-Vieil.

Proses critiques

  • 1986 : Bernard Noël, « Poètes d’aujourd’hui », Seghers, 1986
  • 2001 : Benjamin Péret et la Bretagne, Blanc Silex
  • 2002 : Julien Gracq, Rencontre, L’Atelier des Brisants
  • 2004 : Au pays d’Aimé Césaire, Diabase, 2004
  • 1998 : Georges Perros-Bernard Noel
  • 2022 : Correspondance (préface et notes de Hervé Carn), Éditions Unes
  • 2023 : Georges Perros, La vie est partout, éditions La Part Commune

Poésie

  • 1980 : Les chaises vides (précédée de Lettre verticale XII de Bernard Noël), Ubacs
  • 1982 : La nuit est pauvre, solitaire, Hôtel Continental
  • 1998 : Le rêveur inutile, Ubacs
  • 1990 : L’œil du monde, Hôtel Continental
  • 1993 : Le peu d’air, Rencontres
  • 1996 : L’organisation de la pénombre, Dumerchez
  • 1997 : Avec Sima, Mont Analogue, 1997
  • 2001 : Hoquets du silence, Dumerchez, 2001 (Prix Georges Perros)
  • 2005 : L’Arbre des flots, Césure, 2005
  • 2008 : Vent de cendre, Dumerchez, 2008
  • 2019 : Le Bruit du galop, Folle avoine
  • L’Abattoir, Folle avoine
  • Le Grand pas, Folle avoine

Jean-François Caraës prit ensuite la parole pour inviter Maria del Carmen Márquez Gómez et Hélène Rousteau-Chambon, corécipiendaires du prix, à la rejoindre, pour la présentation de leur ouvrage intitulé L’architecture privée à Nantes au XVIIIème siècle, publié par les Presses Universitaires de Rennes.

María del Carmen Márquez Gómez a soutenu une thèse européenne en 2016 à l’université de Cadix. Intitulée Arquitectura privada en las ciudades atlánticas en el siglo XVIII : Cádiz y Nantes, elle fut dirigée dans ce travail par Fernando Pérez Mulet et par Hélène Rousteau-Chambon. Elle fut aussi l’autrice de plusieurs articles sur l’architecture privée des villes portuaires.

Professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Nantes, Hélène Rousteau-Chambon est membre de l’UMR 6566 du Centre de Recherche en Archéologie, Archéosiences et Histoire, au LARA (Laboratoire de recherche ARchéologie et Architectures Nantes). On lui doit la publication de plusieurs ouvrages en lien avec l’architecture (Les mascarons de Nantes, de simples décors plaisants ?, L’Enseignement à l’Académie royale d’architecture), comme la participation à de nombreuses œuvres collectives ou la rédactions d’articles sur l’architecture.

De gauche à droite : Jean-François Caraës, María del Carmen Márquez Gómez et Hélène Rousteau-Chambon

Comme elles l’expriment dans la présentation de l’ouvrage primé : « Longtemps, on a pensé que la Nantes du XVIIIe siècle devait sa physionomie à la fortune des seuls négociants-armateurs et au commerce maritime. La réalité est beaucoup plus complexe. Les acteurs de la métamorphose de la cité ligérienne sont multiples et l’architecture privée nantaise diversifiée. Née de l’adaptation aux contraintes d’une ville en pleine expansion, cette architecture permet d’afficher la réussite de ses commanditaires tout en constituant un logement intime. Malgré sa richesse, cette architecture reste encore méconnue et cet ouvrage lui redonne une visibilité. Une synthèse sur un long XVIIIe siècle et 58 monographies permettent d’appréhender cette architecture emblématique de la première grande phase d’expansion de la ville. »

Par la présentation à l’écran de morceaux choisis, sous formes d’illustrations ou de références issues du travail des deux chercheuses, Jean-François Caraës s’appliqua à montrer la pertinence et la qualité de leur investigation. L’ouvrage est en effet remarquable par son abondante iconographie, ses plans détaillés permettant de situer dans l’espaces les lieux cités ou leurs configurations d’ensemble, ses commentaires, ses sources et ses notes.

Dominique Pierrelée, Karine Paviza, María del Carmen Márquez Gómez, Hervé Carn, Jean-François Caraës et Henri Copin.

Après la remise de leur prix par Dominique Pierrelée, les récipiendaires des deux prix furent invités ainsi que les membres de l’académie présents et l’assistance au cocktail de clôture offert par le Conseil départemental de Loire-Atlantique.

Les Prix de l’Académie 2024

Fleur HOPKINS-LOFERON, Voir l’invisible, Histoire visuelle du mouvement merveilleux-scientifique (1909-1930), Champvallon Lien vers le Grand prix Jules Verne. Le prix sera remis à la lauréate le jeudi 13 juin 2024 à 18 h à l’hôtel de Ville de Nantes.

Etaient également en lice dans le trio de tête : Hélène ARTAUD, Immersion, Rencontre des mondes atlantique et pacifique, Les Empêcheurs de tourner en rond, La Découverte, et Stéphane PRZYBYLSKI, Burning Sky, Denoël.

Dimitri Rouchon-Borie, le Chien des étoiles, Le Tripode. Lien vers le prix de l’Académie. Le prix sera remis au lauréat le jeudi 13 juin 2024 à 18 h à l’hôtel de Ville de Nantes.

Etaient également en lice dans le trio de tête: Sophie Berger, Banc de brume, Gallimard, et Sorj Chalandon, L‘Enragé, Grasset

Hervé Carn pour l’ensemble de son oeuvre Lien vers le prix Yves Cosson de poésie. Le prix sera remis au lauréat le mardi 14 mai 2024 à 18 h à l’hôtel du département de Loire-Atlantique.

Maria del Carmen Márquez Gómez et Hélène Rousteau-Chambon, L’architecture privée à Nantes au XVIIIe siècle, Presses universitaires de Rennes. Lien vers le prix de Loire-Atlantique. Le prix sera remis aux lauréates le mardi 14 mai 2024 à 18 h à l’hôtel du département de Loire-Atlantique.

25/04/2024 : En visite à l’Académie française

Dans la continuité de ses différentes sorties de printemps à Paris (elles lui ont notamment permis de visiter ces dernières années l’hôtel Matignon, la Sorbonne, la BnF et l’Opéra Garnier) l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire était reçue le jeudi 25 avril à l’Académie française et à l’Institut de France.

A 10h00, le groupe mené par le chancelier Dominique Pierrelée était reçu 23 quai de Conti par Catherine Dalarun, conférencière, en charge des actions pédagogiques et culturelles de l’Institut de France, et par Patrick Latour, adjoint au directeur des bibliothèques de l’Institut, chargé de la Bibliothèque Mazarine – Chef du service Archives, manuscrits et objets.

Dominique Pierrelée avec Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française.

Patrick Latour rappela dans son propos introductif que cet établissement est la plus ancienne bibliothèque publique de France. Issue des collections privées du cardinal Mazarin, ministre de 1643 à 1661, elle ouvrit dès 1643 d’abord dans l’hôtel particulier de ce dernier (futur site historique de la Bibliothèque nationale de France).

Vue en perspective de la salle de lecture (Bibliothèque Mazarine)

L’organisation initiale du fonds est redevable à Gabriel Naudé, auteur en 1627 de l’ouvrage de référence intitulé Advis pour dresser une bibliothèque. Bénéficiant des larges subsides du cardinal, ce dernier en fera en quelques années la plus riche bibliothèque privée d’Europe avec 40 000 volumes, par l’acquisition de différents fonds. Pendant la Fronde, la bibliothèque fut saisie et dispersée lors d’une vente publique en 1652. Dès son retour au pouvoir, Mazarin n’eut de cesse que de la reconstituer, en s’adjoignant les services de François de La Poterie, avant de la confier au Collège des Quatre-Nations, établissement d’enseignement dont il fut l’instigateur, pour procéder à l’éducation de soixante jeunes gens issus des différentes provinces réunies au royaume sous son gouvernement (Alsace, Flandres, Roussillon et Pignerol).

Transporté plus tard dans le palais imaginé pour Mazarin par Louis Le Vau pour le collège, le fonds fut rouvert en 1689. Son activité ne fut pas interrompue sous la Révolution, en raison de son caractère public, alors que le collège était supprimé. Pendant cette époque, son bibliothécaire, l’abbé Gaspard Michel (dit Leblond) élargit les collections grâce aux confiscations révolutionnaires. Par la suite, l’Institut de France occupera en 1805 les bâtiments de l’ancien Collège des Quatre-Nations et la bibliothèque Mazarine lui sera rattachée en 1945.

L’Institut de France

La bibliothèque Mazarine détient aujourd’hui 600 000 documents, soit 180 000 livres imprimés antérieurs à 1800, 2 300 incunables, 5 000 manuscrits. Elle cumule les fonctions diversifiées de centre de documentation pour l’histoire médiévale et moderne, de musée du livre et de centre de recherche sur le patrimoine écrit. Ses collections du IXe siècle à nos jours accueillent notamment le bréviaire de l’abbaye du Mont-Cassin (XIe-XIIe siècle), le traité de fauconnerie de l’empereur Frédéric II, enluminé en Lombardie au XVe siècle, ainsi que le plus ancien exemplaire identifié de la Bible de Gutenberg.

Au terme de sa présentation des lieux, Patrick Latour fut relayé par …. pour la visite de l’Institut de France.

Comme l’expliqua notre conférencière, cette institution, personne morale de droit public à statut particulier, est placée sous la protection du président de la République et soumise au contrôle de la Cour des comptes. Elle est administrée par une commission centrale rassemblant notamment les secrétaires perpétuels des cinq Académies ainsi que son chancelier. Quant à la présidence de l’Institut, il est exercé par chaque académie à tour de rôle. En cette année 2024, c’est à l’Académie des sciences qu’échoit cette prérogative.

  • Institut de France : Xavier Darcos (Chancelier)
  • L’Académie française : Amin Maalouf (Secrétaire perpétuel)
  • L’Académie des inscriptions et belles-lettres : Nicolas Grimal (Secrétaire perpétuel)
  • L’Académie des sciences : Antoine Triller / Etienne Ghys (Secrétaire perpétuel)
  • L’Académie des beaux-arts : Laurent Petit-Girard (Secrétaire perpétuel)
  • L’Académie des sciences morales et politiques : Bernard Stirn (Secrétaire perpétuel)

Chacune des académies est placée sous l’autorité d’un secrétaire perpétuel.

Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie Française nous fit l’honneur de nous accompagner pour nous accueillir sous la coupole. Il rappela les liens d’estime et d’amitié qui le lient à certains des membres de notre institution comme Michel Ragon et d’autres encore avant de dresser à grands traits les principales missions de l’académie qu’il préside. Créée en 1635 par Richelieu, l’Académie française compte statutairement 40 membres. Sa mission essentielle consiste à « donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Dans ce cadre, elle mène notamment les travaux de son Dictionnaire et participe activement à la défense de la francophonie. Avec une grande simplicité, le secrétaire perpétuel engagea ensuite un échange avec les membres de notre académie.

Sous la coupole …

Situé au 23 quai de Conti, il abrite depuis 1805 les cinq académies. Son édification résulte du testament du cardinal Mazarin, signé trois jours avant sa mort le 9 mars 1661, stipulant la construction du Collège des Quatre-Nations (référence aux quatre provinces rattachées à la France par les traités de Westphalie en 1648 et la Paix des Pyrénées en 1659 : l’Alsace, Pignerol, l’Artois et le Roussillon). Il entendait y transférer sa bibliothèque et y être inhumé.

Il avait lui-même déterminé l’emplacement de l’édifice, en front de Seine, en symétrie des bâtiments de la cour carrée du Louvre sur l’autre rive. Il en dessina les plans, supervisant lui-même le début des travaux qui se poursuivirent pendant vingt-six ans, de 1662 à 1688. Le collège ouvrit ses portes en 1689. Le cénotaphe du cardinal, sculpté par Coysevox de 1689 à 1693, se trouve dans son enceinte.

L’Institut de France depuis la passerelle des Arts


En 1816, le palais du quai de Conti devint le lieu de travail des académies et de l’Institut. Il l’est aujourd’hui encore. Sous la coupole se tiennent les événements importants de la vie des académies et de l’Institut : réceptions de nouveaux membres, rentrée solennelle des cinq académies, rentrée de chaque académie, cérémonie de remise des Grands Prix.

L’après-midi, la visite des lieux se poursuivit, en compagnie à nouveau de Patrick Latour, par une visite de la bibliothèque de l’Institut de France. Ce dernier rappela que, dès sa fondation en 1795, cette institution s’était constitué une bibliothèque de travail qui bénéficia notamment des confiscations révolutionnaires.

Au fil des années, ses collections s’enrichirent d’acquisitions multiples comme de différents legs dont celui de Charles de Spoelberch de Lovenjoul en 1905. C’est ainsi que la bibliothèque possède douze carnets de notes et dessins de Léonard de Vinci, six papyri provenant d’Herculanum, des partitions autographes de Mozart. Au total, 1 500 000 documents sont conservés : 600 000 volumes imprimés, 8 600 manuscrits, des milliers de gravures, dessins, photographies, cartes et plans, médailles et objets divers.

Dans la bibliothèque de l’Institut de France

L’un des temps forts de cette journée mémorable fut assurément constitué par la présentation par Patrick Latour de quelques documents rares issus des collections, notamment :

  • Un Livre d’heures à usage liturgique de Rennes (Horae ad usam Redonensem) portant les armoiries de Richard d’Espinay, vers 1450. Ce dernier, chambellan du duc François II, époux de Marie de Goyon Matignon en 1432, puis de Béatrice de Montauban en 1435, fut le père d’un cardinal et de quatre évêques. Il était le frère de Jacques d’Espinay, évêque de Saint-Malo en 1450 puis de Rennes en 1450
Livre d’heures à l’usage de Rennes
  • Un Dictionnaire et colloques François-Breton, par Maître Guillaume Quiquier de Roscoff, destiné aux François et Bretons « qui n’ont l’intelligence des deux langues ». Ouvrage publié en 1633, ce dictionnaire usuel en petit format, destiné à l’apprentissage du breton et du français, mettait à portée de main des voyageurs les éléments de communication essentiels pour s’exprimer dans une autre langue. Il combine exemples de conversation (expressions utiles), vocabulaire et quelques notions de grammaire.
Dictionnaire « François-Breton »
  • Un exemplaire de Lancelot du Lac, incunable sur vélin enluminé à la main (lettrines, vignettes en tête des chapitres, illustrations pleines pages) publié en 1494 par Antoine Vérard, fournisseur attitré de la Cour. En ouverture de l’ouvrage, une illustration représente un combat de lance. Dans les tribunes, le roi est représenté ainsi que l’éditeur lui remettant un exemplaire de son ouvrage. Pour mémoire, ce récit jouissait d’une grande popularité au Moyen-Age. L’ensemble romanesque Lancelot en prose fut imprimé pour la première fois en 1488.
  • Un exemplaire de l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers (Tome 1er) de Diderot et d’Alembert, publié en 1751. Cet ouvrage comprend notamment le système figuratif des connaissances humaines (dit « arbre de Diderot et d’Alembert »), représentant la structure des connaissances consignées dans l’ouvrage. Les trois branches principales en sont : « Mémoire » / Histoire, « Raison » / Philosophie et « Imagination » / Poésie. Cette taxonomie des connaissances humaines fut inspirée aux auteurs par le Of the Proficience and Advancement of Learning Divine and Human (Du progrès et de la promotion des savoirs) de Francis Bacon, paru en 1605.
  • Une lettre adressée le 2 décembre 1839 par Honoré de Balzac au Secrétaire perpétuel de l’Institut pour l’informer du désistement de sa candidature à l’Académie française, pour avoir appris celle de Victor Hugo à laquelle il ne voulait s’opposer.
Photo de groupe avec Amin Maalouf

Sortie des Amis de l’Académie

Par un beau soleil de printemps, vendredi 19 avril, l’Académie organisait une sortie dans le pays d’Ancenis, en écho à la publication de son Cahier 2023 consacré en partie à ce territoire ligérien. Animation destinée aux « Amis » qui portait sur le patrimoine du château d’Ancenis et du couvent des Ursuline, puis sur celui de Saint-Florent-le-Vieil et sur la Maison Gracq.

Sous la conduite de Bertrand Boquien (ARRA), la visite du château et de ses abords a été très instructive. Le rendez-vous suivant dans la chapelle du couvent des Ursulines a permis d’accéder à la belle exposition (Au bord de l’Onde) présentée par le centre d’art contemporain du pays d’Ancenis. Après le déjeuner au restaurant de « La Gabelle », nous avons suivi les traces de Julien Gracq grâce à Jacques Boislève et au personnel de la Maison Gracq. Une belle journée littéraire et historique !

                     Visite du logis dans la cour du château d’Ancenis

                     Gravure de Rodolphe Bredin (1822-1885) « Les baigneuses » –

Expo « Au bord de l’Onde »

Expo « Au bord de l’onde »

                                                       Jacques Boislève à la Maison Gracq

Quelques informations

Vendredi 19 avril  2024: Sortie à Ancenis : Le matin, visite du château sous la conduite de Bertrand Boquien suivie de la découverte de la chapelle des Ursulines (visite de l’exposition Au fil des ondes ). L’après-midi, promenade littéraire sur les pas de Julien Gracq conduite par Jacques Boislève et visite de la Maison Gracq .     

Le Château d’Ancenis

Vendredi 25 avril 2024 : Visite de l’Académie française : accueil par Amin Maalouf, secrétaire perpétuel et membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. L’après-midi, découverte des trésors des bibliothèques Mazarine et de l’Institut.

Mardi 14 mai à 18H : Au Conseil départemental, cérémonie de remise des Prix Yves Cosson de poésie à Hervé Carn et du Prix de Loire-Atlantique à Maria del Carmen Márquez Gómez et à Hélène Rousseau-Chambon, pour L’architecture privée à Nantes au XVIIIe siècle, Presse universitaires de Rennes (Voir ci-dessous).

Le Prix de Loire-Atlantique 2024

Le jury a attribué le prix de Loire-Atlantique 2024 décerné par l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire à l’ouvrage de Carmen Marquez et Hélène Rousteau-Chambon : L’architecture civile à Nantes au XVIIIe siècle – demeures de prestige, publié aux Presses universitaires de Rennes.

Dans un volume in 4° de 380 pages, largement et fort bien illustré, est présenté le patrimoine architectural de Nantes à l’époque de sa plus grande prospérité sous l’Ancien Régime, complétant ainsi ce que Pierre Lelièvre avait produit il y a plusieurs décennies sur l’architecture publique et l’urbanisme nantais à la même époque.

À la suite de recherches approfondies et d’analyse pertinente, les autrices – universitaires nantaises réputées – nous font découvrir ou redécouvrir le riche passé nantais, souvent oublié ou méconnu. Après une présentation synthétique du sujet, au gré de fiches de maisons, d’hôtels ou de programmes architecturaux, le lecteur peut programmer sa visite de la ville avec toutes les clés de compréhension des façades qu’il a le loisir d’apprécier, en sachant aussi ce qui se cache à l’intérieur des bâtiments.

Les membres du jury ont été impressionnés par ce travail inédit et séduit par la qualité de l’ouvrage.

Les autres ouvrages sélectionnés étaient :

S. Guicheteau, M. Noyer, C. Patillon : Dockers, une histoire nantaise – travailler et lutter sur les quais (XVIe-XXe siècles) (éd. CHT)

Louis Poulhès : Les camps d’internement de Châteaubriant (Atlande)

Philippe Bordes, Jacques Louis David, la traite négrière et l’esclavage . Son séjour à Nantes, mars-avril 1790 (Fondation maison des sciences de l’homme)

Les prix de l’Académie

  • Abolivier, Gwenaëlle, Ella Maillart, Paulsen
  • Artaud, Hélène, Immersion. Rencontre des mondes atlantique et pacifique. Les Empêcheurs de tourner en rond, La Découverte
  • Hallier, Jérôme,  La Mécano de la Jamais Contente, Flammarion
  • Hopkins-Loferon, Fleur, Voir l’invisible. Histoire visuelle du mouvement merveilleux scientifique (1909-1930), Champ Vallon.
  • Przybylski, Stéphane, Burning Sky, Denoël.

Prix de l’Académie

  • Bamberger, Vanessa, Les brisants, Liana Levi
  • Begaudeau, François, L’amour, Verticales
  • Berger, Sophie, Banc de brume, Gallimard
  • Chalandon, Sorj, L’enragé, Grasset
  • G. Lucas, Sophie, Mississipi, La Contre Allée
  • Rouchon-Borie, Dimitri, Le chien des étoiles, Le Tripode
  • Tesson, Sylvain, Avec les fées, Editions des Equateurs

14/02/2024 : Réception d’Alain Mabanckou comme membre d’honneur

A l’invitation conjointe de Dominique Pierrelée, Chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, et de Joanna Rolland, Maire de Nantes, Alain Mabanckou, écrivain, poète et enseignant franco-congolais, sera reçu comme membre d’honneur de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Cette manifestation associe l’académie et la Maison de l’Afrique de Nantes. Sa présentation sera effectuée par Henri Copin.

Alain Mabanckou a remporté en 2006 le prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic. Il a reçu en 2010 le prix Georges Brassens pour Demain j’aurai vingt ans, en 2012 le Grand prix de littérature Henri Gal atttribué par l’Académie française et en 2013 le prix Pierre de Monaco, décerné par la principauté de Monaco, pour l’ensemble de son oeuvre.
Dès 1998, son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge, le révèle au public et inaugure une oeuvre littéraire de prose et de poésie.

  • 1966 : Naissance à Pointe-Noire, au Congo ;
  • 1989 : Vient étudier en France le droit des affaires à l’université Paris-Dauphine ;
  • DEA de droit : travaille dix ans comme conseiller juridique à la Lyonnaise des Eaux ;
  • 1998 : Publie Bleu-blanc-rouge (collection Présence Africaine), Grand Prix littéraire de l’Afrique noire ;
  • 2002 : Écrivain en résidence, enseigne la littérature francophone à Ann Arbor (Michigan USA) ;
  • 2006 : Embauché par l’université de Californie ;
  • 2006 : Prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic ;
  • 2011 : Publie Ecrivain et oiseau migrateur évoquant l’inquiétude de l’itinérance qui « fonde toute démarche de création » ;
  • 2012 : Grand Prix de l’Académie française pour l’ensemble de ses romans et essais ;
  • 2013 : Rend hommage à ses parents dans Lumière de Pointe-Noire ;
  • 2012 : Publie Le sanglot de l’homme noir ;
  • 2015 : Remet à New York le prix Courage et Liberté d’expression organisé par l’association mondiale d’écrivain PEN au journal Charlie Hebdo ;
  • 2021 : Dirige la collection Points Poésie.

Henri Lopes, 1937-2023, écrivain, diplomate, homme politique, directeur adjoint de la Culture à l’UNESCO, Membre d’Honneur 

Titulaire de la Chaire de création artistique 2015-2016 au Collège de France (premier écrivain à bénéficier d’une telle invitation), la leçon inaugurale d’Alain Mabanckou s’intitule « Lettres noires : des ténèbres à la lumière ». Il déclare à cette occasion : « Je ne rentre pas tout seul au Collège de France, je rentre avec la voix de Senghor, avec la voix de Césaire, de Sony Labou Tansi ».

« Si l’écrivain écrit aujourd’hui en toute indépendance,
il ne devrait pas perdre de vue que, bien avant lui,
des femmes et des hommes de courage ont versé leur sang pour ce droit aujourd’hui de plus en plus menacé : la liberté d’expression. »

Alain Mabanckou