Parution des Cahiers 2021 : Les années folles

La parution des Cahiers de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire constitue l’un des temps forts de l’activité de notre institution. Elle donne lieu de façon rituelle à une présentation officielle lors de la séance solennelle de décembre, Salle Francine Vasse, rue Colbert. Cette année, cette rencontre ouverte à tous n’a pu se tenir en raison des contraintes sanitaires liées à l’actuelle pandémie.
Contrastant avec la morosité ambiante, c’est le thème des Années folles qui a été retenu, occasion de mettre l’accent sur la période d’intense activité artistique, culturelle et sociale qui fut marquée il y a un siècle, au sortir de la Grande Guerre, par une décennie d’activité vibrionnante et parfois extravagante. L’avènement de la radio et du cinéma, le Surréalisme, le jazz, le tango, la Revue nègre, les Ballets suédois, le Music-hall, l’opérette furent des reflets d’une époque marquée également par un renouveau théâtral et littéraire.
C’est sur ce thème et sa diversité que les académiciens ont choisi cette année de s’exprimer, accordant au passage une pensée particulière à René Guy Cadou, né précisément il y a cent ans !

Couverture des Cahiers

Avant-propos de Noëlle Ménard
Chancelier de l’Académie

Les Années dites folles (à partir de 1919-1920) sont restées dans les mémoires comme des années de libération et de joie de vivre après la boucherie de 1914-1918. Il ne faut pas oublier que la fin de la guerre avait été marquée par une autre tragédie : la grippe espagnole. Cette pandémie planétaire (50 millions de morts) avait laissé exsangue la population. Revivre après cette terrible saignée n’a pas été facile mais la jeunesse a pris le dessus, et on a vu la folie du charleston s’emparer de Nantes, des artistes émerger et un nouvel art de vivre se faire jour.

C’est aussi en 1920 qu’est né au fond de la Brière René Guy Cadou, qui fut dans le paysage littéraire français comme une étoile filante, puisqu’il a quitté ce monde en 1951. On ne peut évoquer Cadou sans parler d’Hélène Cadou, elle-même née en 1922 à Mesquer et qui est aussi un grand poète. Ils sont associés tous les deux dans un dossier spécifique intitulé Moineaux de l’an 1920. Comme écrit Véronique Vella, de la Comédie française :

«Je trouve que, tout comme Sophocle, Racine ou Baudelaire, René Guy Cadou fait partie des très grands poètes sur lesquels il faut revenir tout le temps. Il a chaque fois quelque chose de nouveau à transmettre, à dire, à redire. Il ne faut pas cesser le relire ; tout comme il est très important de revenir à Racine, de le “re-comprendre” autrement, de se le réapproprier. « 

Depuis plusieurs années, l’Académie fait appel à des plumes extérieures comme cette année Joël Barreau et Jean-François Jacques, neveu d’Hélène Cadou. Qu’ils en soient particulièrement remerciés.

Au fil des jours

Les Cahiers de l’Académie sont disponibles
au prix de 20 € dans les librairies /
Coiffard (7-8 rue de la Fosse 44000 – Nantes)
Vent d’Ouest (5 Pl. du Bon Pasteur 44000 – Nantes).
Ils peuvent aussi être obtenus auprès de
Jean-François Caraës (24 rue de la Contrie 44100 Nantes) en prévoyant, outre le prix des Cahiers,
7 € de frais de port.

Les « Années folles » (Sommaire des Cahiers)

Destins des Années folles

  • Vie et mort de Jean Galmot (Jacques Boislève)
  • 1928, Louis XVII à Nantes (Jean-François Caraës)
  • Centenaire de la naissance de Jacques-Yves Le Toumelin (Michel Germain)
  • Quand Nantes fête le retour de Jules Verne en 1928 (Jean-Yves Paumier)

Au fil des jours

  • Menus de fête (Noëlle Ménard)
  • La protection des monuments naturels dans les années 1920 en Pays de la Loire (Claire Giraud-Labalte)
Au fil des pages

Au fil des pages

  • À Pornic : les Années folles de Paul Léautaud ! (Dominique Pierrelée)
  • 1920, naissance de l’Annamite des livres (Henri Copin)

Sous le pinceau

  • Cahun – Moore, deux artistes nantaises dans les années folles (Michel Valmer)
  • Les cadeaux de Claude Monet et de Georges Clemenceau au Musée des Beaux-Arts de Nantes (Vincent Rousseau)
Sous le pinceau

Et en musique

  • Les Années folles au rythme des bals et de l’opéra (Patrick Barbier)
  • Nantes saisie par la folie du charleston (Philippe Hervouët)
  • Jazz-band, et quoi d’autre ? (Malika Pondevie)

Moineaux de l’an 1920

De l’enfance à l’école

  • René Cadou : son enfance nazairienne est tout un monde ! (Jean-Louis Liters)
  • René Guy Cadou et la Brière (Christian Robin)
  • Julien Lanoë et René Guy Cadou : tout commence place Bretagne (Annie Ollivier)
  • Retour à la maison d’école (Dominique Barberis)
  • Un rempart contre la nuit (Pierre Perron)
Des compagnons fidèles

Des compagnons fidèles

  • Hélène Cadou et le Prince des lisières (Noëlle Ménard)
  • Jeanne Laurent et René Guy Cadou : une correspondance (Jean-François Jacques)
  • Sylvain Chiffoleau l’«ami discret» (Joël Barreau)

Souvenirs et témoignages

  • « Quoi ? Tu ne connais pas René Guy Cadou ? » (Jean-Joseph Julaud)
  • René Guy Cadou et le musicien (Roger Tessier)
  • Cadou à bras le cœur (Michel Valmer)
  • Cas doux et cas durs (Gaston Bouatchidzé)

Dans le rétroviseur

Ils nous ont quittés

  • Hommage à Michel Ragon (Vincent Rousseau)
  • Henri de Grandmaison (Jean Amyot)
  • Lumières de Paul Morin (Noëlle Ménard, Jean Amyot d’Inville, Gaston Bouatchidzé, Éric Chartier, Henri Copin)

Réceptions de nouveaux membres

  • Philippe Josserand (Noëlle Ménard)
  • Claire Giraud-Labalte (Patrick Barbier)

Quand on parle de l’Académie

  • Tout commence à San Francisco (Éric Fonteneau)
  • Un monde en ses figures et ses liens (Philippe Josserand)

Nantes en francophonie

  • La route est longue et les mots sont en peine :Salah Stétié, poète et diplomate libanais, 1929-2020
  • Prix littéraires
  • Publications des académiciens
  • Hommages et distinctions reçues par les académiciens
  • Remerciements et liste des membres

Moineaux de l’an 1920

« Moineaux de l’an 1920
La route en hiver était belle !
Et vivre je le désirais
Comme un enfant qui veut danser
Sur l’étang au miroir trop mince
Ô toi qui m’as connu mon père
Tu témoigneras pour moi s’il le faut
Dans le prétoire à peu près vide des années
Je ne suis pas venu sur cette place ensoleillée où c’est la fête
Ave des intentions de sergent de ville ou de marchand de bêtes
Et s’il me plaît à moi de laisser rire
Et de pleurer tout seul dans l’allée
Qu’est ce que ça peut faire aux juges ?
Dites ! Qu’est ce que ça peut faire un enfant sous la roue
Quand il y a de jolies femmes sur les bancs
Et que l’air est particulièrement doux?
Condamnez celui qui veille sur les lys et les absinthes
Les secondes lui battent dans le cœur comme des graines de coloquinte
« 

[…]

René Guy Cadou, L’héritage fabuleux, 1948-1949