23/05/2023 : Séance solennelle de l’Académie

Lors de sa séance solennelle qui s’est tenue le mardi 23 mai au Conseil départemental de Loire-Atlantique, l’académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire a procédé à la remise de deux des distinctions qu’elle accorde, le Prix de Loire Atlantique et le Prix Yves Cosson de Poésie.

La séance fut ouverte par Dominique Poirout, Vice-présidente culture et patrimoine, représentant Monsieur Michel Ménard, Président du Conseil départemental de Loire-Atlantique. Elle souligna notamment dans son propos l’importance que revêt le livre en particulier et la littérature en général dans l’environnement de chacun, ainsi que l’intérêt porté par le département aux actions menées par l’Académie. Dans sa réponse, le chancelier Dominique Pierrelée tint à la remercier d’un partenariat qui ne se dément pas dan s la durée comme de l’accueil de l’institution pour la remise de ses deux prix.

J.-F. Caraës, A. Poulard, M. Jussiaume, D. Poirout, D. Kay, D. Pierrelée, H. Copin (Photo Xavier Ménard)

Prix de Loire-Atlantique 2023

Jean-François Caraës, président du jury du prix de Loire Atlantique, prit ensuite la parole pour présenter le titre retenu Berligou : Le vins des ducs de Bretagne, publié par Le Temps Editeur, et les lauréats. Dans un propos enthousiaste et plein d’humour, il souligna que le jury fut sensible au sujet traité, la résurgence d’un vin et d’un cépage oublié, le Berligou, comme à l’aspect approfondi du traitement du sujet. Le texte est en effet assorti de nombreuses notes et précisions documentaires. Les deux auteurs de l’ouvrage primé sont Alain Poulard et Marcel Jussiaume.

Les Lauréats

Alain Poulard

Œnologue à l’Université de Bordeaux, Alain Poulard est docteur en biologie de l’Université de Nantes. Ancien responsable de l’Unité de Nantes de l’Institut Français de la vigne et du vin (IFV), il exerça la fonction d’expert à l’Organisation Internationale de la Vigne et du vin (OIV). Co-fondateur de l’Association Le Berligou, il est l’un des membres du groupe des 12.

Jean-François Caraës (à gauche) et Alain Poulard (à droite) (Photo Xavier Ménard)

Marcel Jussiaume

Viticulteur et fondateur du Domaine de Guérande au Loroux-Bottereau, Marcel Jussiaume a depuis cédé son domaine à son fils Pierrick. Il est le co-fondateur du Grand Prix Clémence Lefeuvre (nom de la restauratrice qui créa le beurre blanc en 1930), concours de Muscadet au jury exclusivement féminin. Il fut membre du Conseil Interprofessionnel des Vins de Nantes et Président du Syndicat des Appellations Muscadet. Il est également l’un des membres du groupe des 12.

Marcel Jussiaume (Photo Xavier Ménard)

L’ouvrage

Le livre évoque de manière documentée et précise la démarche exemplaire menée par le groupe des 12 pour retrouver la trace et restaurer la production du Berligou, vin populaire planté par les ducs de Bretagne vers 1390 au château de Beaulieu à Couëron, l’une de leurs résidences secondaires. Des textes anciens attestent que la duchesse Anne de Bretagne l’aurait apprécié, de même qu’Henri IV lorsqu’il vint signer l’Édit de Nantes en 1598.

La quasi-disparition de ce cépage serait due aux maladies cryptogamiques de la fin du XIXe siècle : l’oïdium en 1840, le mildiou et le phylloxéra en 1880. En 1930, le berligou de Joseph Bernier, planté dans le sud de Saint-Herblain, fut encore primé au concours départemental, ce qui atteste de rares survivances. En 1993, Joseph Bosseau en rechercha quelques plants pour les rangs conservatoires du musée du vignoble. Il en obtint en 2007 plusieurs pieds que lui céda Joseph Picot, propriétaire d’une parcelle de 180 pieds à Saint-Fiacre.

Dans sa réponse aux propos de Jean-François Caraës, Alain Poulard rappela la démarche persévérante effectuée par les différents partenaires du groupe des 12 depuis le début du projet. Marcel Jussiaume souligna pour sa part l’importance et le rôle à part que revêt dans l’histoire de l’humanité. Elle se révèle à ce titre être un élément de civilisation.

Prix Yves Cosson de Poésie

Henri Copin, président du jury de ce prix de poésie, prit ensuite la parole afin de présenter le poète Daniel Kay, distingué en 2023 pour l’ensemble de son œuvre. Dans son propos, il évoqua le parcours singulier de ce dernier et sa démarche qui, outre la poésie, embrasse également la peinture et une réflexion sur l’art. Dans sa réponse, Daniel Kay fit part au public d’une série d’annotations et de réflexion sur la poésie qu’il rédigea à la volée lors de son voyage pour se rendre à Nantes.

L’auteur

Né en 1959 à Morlaix, Daniel Kay effectua ses études supérieures à Brest et Rennes. Agrégé de lettres modernes, ses poèmes furent publiés notamment dans les revues NRF, Théodore Balmoral (Revue semestrielle de littérature contemporaine, créée à Orléans en 1985), Hopala ! (Revue littéraire et artistique bretonne créée en 1999 par Jean-Yves Le Disez) et Traces. Depuis 2003, il a contribué à plusieurs livres d’artistes comme à des éditions bibliophiliques. Peintre lui-même, il écrit également sur la peinture. Il enseigna la poésie moderne, la littérature comparée et l’histoire de la critique à l’Université de Bretagne-Sud.

Daniel Kay (à droite) et Henri Copin (Photo Xavier Ménard)

Ouvrages publiés :

  • L’histoire des arts, Le Faouët, Éditions du Scorff, 2000
  • Magnificat (ill. Thierry Le Saëc), Languidic, Éditions de la Canopée, 2003
  • Le bleu du ciel (ill. Thierry Le Saëc), L’Attentive, 2006.
  • Tombeau de Georges Perros suivi de Armand Robin à Plouguernével, La Part commune, Rennes, 2007
  • À quoi rêvent les statues ?, La Part commune, Rennes, 2010
  • L’Approche de Delft : de la peinture hollandaise & de Marcel Proust, Paris, Éditions Isolato, 2011
  • Fragments des deux baies (ill. Gilles Plazy), Trégunc, la Sirène étoilée, 2013
  • Vies silencieuses, Gallimard, mai 2019
  • Tombeau de Jorge Luis Borges, Gallimard, juin 2021
  • Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Gallimard, mai 2022
  • Baugin, le dessert de gaufrettes, éditions Invenit, coll. Ekphrasis, Lille, 2022
  • Petits pans de Proust, d’après un détail de Vermeer, éditions des Instants, Paris, 2022

Expositions

  • Les Monts d’Arrée – Rodolphe Le Corre, Daniel Kay, Alain Le Beuze, Galerie Les Stèles, Morlaix, septembre 2007
  • Les Monts d’Arrée – Regard croisés, Espace culturel Lucien-Prigent, Landivisiau, 2009
  • Multiples, Salon de la petite édition d’artiste, Morlaix, 2009
  • Daniel Kay, un poète et des peintres, Médiathèque Les Ailes du temps, Morlaix, octobre 2010
  • Fragments d’un lieu – Peintures et livres d’artistes de Daniel Kay, Pôle culturel du Roudour, Saint-Martin-des-Champs, mars 2015
  • La baie des plumes – Salon de la poésie et des livres, L’Ivraie, Douarnenez, août 2017
  • Thierry le Saëc : la poétique du trait – Autour du livre d’artiste « Imago Ignota« , Galerie du Bourdaric, Vallon-Pont-d’Arc, mars-mai 2018

Livres d’artistes & Editions bibliophiliques

Avec André Jolivet

  • L’île Tristan, 4 exemplaires
  • Île Callot, 4 exemplaires
  • Ouessant, 4 exemplaires
  • Ouessant, phare du Stiff, 4 exemplaires
  • Le Grand Bé, 4 exemplaires

Avec Rodolphe Lecorre

  • Monts d’Arrée 02, 11 exemplaires numérotés

Avec Thierry Le Saëc

  • L’attribution des chefs-d’œuvre
  • Finis Terrae, Brest-Lisboa
  • Imago Ignota

Avec Maya Mémin

  • Tombeau de J.L.B, 20 exemplaires
  • Fragments d’Icarie, 50 exemplaires

Avec Bernard Menguy

  • Trente exemplaires

Avec Yves Picquet

  • Orphée palimpseste, 12 exemplaires

Avec Michel Remaud

  • Du rouge, 16 exemplaires

Avec Véronique Sézap

  • Menhirs, 5 œuvres originales

Quelques extraits

Après l’intervention de Daniel Kay, Henri Copin donna lecture de plusieurs extraits de l’oeuvre du poète primé.

« Les Grecs ne possédaient pas de mots pour le bleu. Homère lui-même devait recourir à de subtiles périphrases pour évoquer cette couleur. Pendant des siècles en Occident les hommes n’ont pas nommé le bleu. C’était au temps où la mer et le ciel rinçaient  leurs teintures  dans la gorge de  curieuses divinités. On ignorait que les oiseaux qui picoraient dans le bleu suspendraient  des grappes de fruits  rouges sur le rebord de grandes assiettes en faïence. »

Daniel Kay, Vies silencieuses

« Présences léguées bien plus loin
que nos bras ne peuvent atteindre,
mots d’aucun langage,
phrases interminables sans verbe ni sujet
chuchotées sur la toile blanche
que prépare dans l’atelier
celui qui délie peu à peu
la conscience ligneuse des forêts

Daniel KAY, Vies silencieuses

Avant de clore la séance, le chancelier Dominique Pierrelée rappela que l’Académie remettra le 13 juin prochain, au Château des Ducs de Bretagne, le Grand prix Jules Verne et le Prix de l’Académie. La séance de l’académie s’acheva sur un cocktail lors duquel chacun put déguster le fameux Berligou.