Mardi 15 décembre 2015
Salle Francine Vasse
18 Rue Colbert, 44000 Nantes
Parrainée par Johanna ROLLAND, Maire de Nantes, représentée par Gildas SALAÜN, conseiller délégué, chargé du patrimoine immatériel et de la culture scientifique et technique, cette séance solennelle fut présidée par Noëlle MENARD, chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Elle fut structurée en trois temps distincts :
- La réception de trois nouveaux membres ;
- La présentation des Cahiers 2016 de l’Académie ;
- L’hommage rendu à Michel RAGON, sujet d’honneur des Cahiers.
Réception des nouveaux membres
- Françoise NICOL (Présentée par Michel CATALA)
- Agrégée de lettres classiques, Françoise Nicol est une spécialiste des interfaces entre la littérature et les arts visuels. Docteur ès-lettres. Sa recherche porte sur Georges Limbour, les peintres Yves Picquet, André Masson et Georges Braque. Elle est Maître de conférence à l’Université de Nantes.
- Xavier NOËL (Présentée par Christian ROBIN)
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Responsable de développement, chargé de la culture scientifique et technique au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), il est un spécialiste de Paschal Grousset et de Jules Verne. Il est aussi photographe
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- Michel VALMER (Présenté par Jean AMYOT d’INVILLE)
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Comédien, compositeur, scénariste, docteur ès-lettres pour une thèse sur les rapports du théâtre et de la science, il est le fondateur de la compagnie théâtrale Science 89. Il est le directeur de la salle Francine Vasse.
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Présentation des Cahiers 2016
Intitulés Michel Ragon, une histoire nantaise, les cahiers 2016 de l’Académie furent présentés par Henri COPIN et Vincent ROUSSEAU. Cette édition inaugure une nouvelle présentation marquée par une évolution sensible de la maquette, l’utilisation plus répandue d’illustrations en couleur, ainsi qu’un aménagement graphique et esthétique. Les Cahiers 2016 sont structurés en sept parties distinctes, détaillées ci-après.
Michel Ragon, une histoire nantaise
Vincent Rousseau présenta en ces termes le dossier spécial des Cahiers :
Coordinateur du « dossier » consacré à Michel Ragon ? Je n’ai fait que proposer le « sujet » et solliciter les compétences … En me confiant cette mission les membres de l’Académie Littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire ( qui m’ont fait l’amitié – il y a un an ici – de me demander de les rejoindre) m’ont fait un véritable cadeau car ils m’ont offert … la possibilité de manifester publiquement à Michel Ragon l’admiration et même l’affection que j’éprouve pour lui.
En 1984, le jeune conservateur que j’étais avait organisé au Musée des Beaux-Arts, pour ses 60 ans, une exposition d’œuvres d’artistes qu’il avait défendus . Cette attention l’avait touché et amusé : il m’avait remercié de lui avoir fêté son « centenaire » ! Aujourd’hui il n’est pas encore centenaire et j’ai dépassé l’âge qu’il avait quand je l’ai connu en 1984 . Son amitié est intacte. Il m’avait offert ses plaquettes de poèmes, « les seules qui lui restaient » , en ma confiant que j’étais sans doute le seul qui s’intéressait à de si lointains débuts littéraires effectués à Nantes . L’occasion m’est donnée aujourd’hui de partager cet intérêt et ce plaisir. Très sincèrement merci de l’attention que vous y porterez.
Michel Ragon est principalement connu aujourd’hui comme romancier. Ses livres sur la Vendée depuis L’accent de ma mère et Les mouchoirs rouges de Cholet ont eu un grand succès populaire (Henri Copin, spécialiste de l’Indochine, a relu pour nous Ma sœur aux yeux d’Asie ) mais on oublie parfois qu’il fut, après la Seconde Guerre, un des plus importants critiques d’art de l’époque, défenseur actif de l’art abstrait, un des premiers à pressentir la légitimité de ce moyen d’expression, ami de pierre Soulages, Atlan, Hartung, Poliakoff… Le Musée National d’Art Moderne a récemment rendu officiellement hommage à ce « passeur visionnaire » en consacrant une salle entière à son activité militante dans le nouveau circuit de présentation de ses collections permanentes.
D’une certaine manière, dans la nouvelle version des « cahiers » de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, le « dossier spécial » prolonge et complète cet hommage en rappelant que Michel Ragon a vécu son adolescence à Nantes où il reconnaît s’être formé : la formation d’une ville …
- Henri Copin a lu et brillamment commenté les premiers poèmes écrits à Nantes lorsqu’il avait 21-22 ans, Prière pour un temps de calamité ( 1945), Au matin de ma vie (1946), Cosmopolites (1952) . Le jeune-homme connaissait René Guy Cadou mais se souvenait de Guillaume Apollinaire et de Blaise Cendras.
- Jean-Yves Paumier a savamment souligné dans les écrits de Michel Ragon les mentions et allusions concernant Jules Verne, « une inévitable rencontre ».
- Amin Maalouf apporte une exceptionnelle contribution en racontant comment chaque été, en Vendée, il se livre à de longues conversations pour « refaire paisiblement le monde » avec Michel Ragon qui a « toujours été du côté des opprimés, des incompris, des vaincus ».
- Jacques Boislève analyse judicieusement le complexe sentiment de l’exil et de l’ailleurs chez Michel Ragon : le Vendéen exilé à Nantes. Le Nantais monté à Paris. Le Parisien en voyage de par le monde. Le retour en Vendée. Et tout ça à la fois !
- Michèle Chaillou, épouse de Michel Chaillou , évoque avec émotion l’amitié chaleureuse qui unissait les deux Michel, écrivains «nantais» : Chaillou et Ragon .
Nous espérons que ces communications inédites apporteront un éclairage nouveau sur l’œuvre et les activités d’une personnalité restée très attachée à Nantes, sa ville d’adoption.
Hommage à Michel RAGON
En ouverture de la séance, pendant l’installation des spectateurs dans la salle, un diaporama fut présenté, mettant en exergue l’hommage rendu par le Musée National d’Art Moderne à Michel RAGON. Les illustrations du document présentaient des photos de l’exposition, une biographie de l’auteur, des photos de rencontres de ce dernier avec des artistes connus, ainsi qu’un rappel de ses principaux livre.
Informé de l’accent consacré à son oeuvre dans les cahiers, Michel RAGON avait adressé à l’Académie le mot de remerciement suivant :
» Nantes, ville de mon adolescence et longtemps après, ville de ma mère et donc de nombreux retours . Ville de l’occupation et des bombardements américains. Donc ville de douleurs, mais aussi ville des émois de l’adolescence, des premières amitiés, de l’ouverture au monde, des livres et de la peinture. Par là même, ma ville, celle du petit Vendéen émigré, à la fois terrifié et ébloui. «
En complément fut présenté un extrait du film récent Entretien avec Michel Ragon, réalisé par Bernard BLISTENE, Directeur du Musée National d’Art Moderne, et l’auteur. Au terme de cet hommage, Michel VALMER (nouveau membre de l’Académie et Directeur’ de la Salle Vasse) donna lecture d’un court passage tiré du livre Drôles de métier, paru en 1953.
» Paris reine du monde, Paris qui vaut bien une messe, Paris by Night, Paris des arts et des lettres, Paris capitale, Paris monumental, Paris des toits, Paris des ponts, Paris aux trois collines, Paris de la Tour Eiffel, Paris du Sacré-Cœur, Paris des midinettes, Paris des étudiants, Paris des peintres, Paris sur Seine, Paris des chalands, Paris des canaux, Paris des badauds, Paris des barricades, Paris des quais, Paris du Louvre, Paris du métro, Paris des bouquinistes, Paris du marché aux puces, Paris des cafés nocturnes… Salut ! «
L’Académie fait sa révolution culturelle
Depuis plus de cinquante ans l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire publie des Cahiers. Jusqu’alors la forme n’avait pratiquement pas changé : un sujet général, autour d’une personnalité régionale ou d’un thème, suscitait des contributions diverses des membres intéressés par le sujet. Un peu trop intellectuel pour un large public.
L’Académie vient de refondre complètement l’architecture et la direction artistique des cahiers, autour de cinq innovations :
- un thème central, abondamment développé ;
- des contributions de qualité ;
- une illustration abondante et variée ;
- de nouveaux domaines d’expression ;
- la possibilité pour chacun d’exprimer son talent.
Ainsi, les nouveaux cahiers 2016 présentent-ils plusieurs nouveautés.
- Un thème central, abondamment développé. Chacun des nouveaux cahiers devient une source d’informations sur un sujet ou une personnalité du monde littéraire, issue ou ayant des relations fortes avec la région. Cette année, sous la direction de Vincent Rousseau, en écho à la manifestation organisée par le Musée National d’Art Moderne, le cahier central porte sur Michel Ragon, journaliste, critique d’art et romancier d’origine vendéenne, ayant vécu et travaillé à Nantes.
- Contributions de qualité. L’Académie littéraire compte en son sein des personnalités de talent. Certains, comme Amin Maalouf, font part de leur amitié pour Michel Ragon. D’autres comme Jean-François Parot, Paul-Louis Rossi, Henri Lopes ou le compositeur Roger Tessier, livrent des textes inédits. Dans le même esprit, le plasticien Éric Fonteneau présente son exposition de Barcelone.
- Illustration abondante et variée. Nous sommes dans une société de l’image. Ainsi chaque contributeur soigne ses apports iconographiques. De Malika Pondevie qui présente des œuvres picturales et poétiques autour de la couleur bleue à Olivier Sauzereau qui a rapporté des images étonnantes de son voyage aux îles Féroé.
- Nouveaux domaines d’expression. Plusieurs rubriques récurrentes ont été créées comme « Focus » sur des auteurs et leurs œuvres, « Images » sur des travaux graphiques, « Rétroviseur » « Francophonie » et » Libre Cours » dont on comprend les thèmes.
- Possibilité d’exprimer son talent. Littérature, histoire littéraire, poésie, photo, peinture… jalonnent sous diverses formes ces Cahiers nouvelle manière, ouvrant à tous les membres de l’Académie des territoires d’expression.
Par ce travail, ces nouveaux Cahiers s’ouvrent à un public plus large d’amoureux de l’histoire littéraire régionale et nationale voire internationale et, plus largement, des diverses formes d’expression graphique.
Sommaire du Cahier 2016
- Noëlle Ménard : Tout doit changer pour que rien ne change
Dossier spécial Michel Ragon : une histoire nantaise
- Vincent Rousseau : Une histoire nantaise
- Amin Maalouf, de l’Académie française : Avec Michel Ragon
- Michèle Chaillou : L’accent de l’amitié
- Jacques Boislève : Un remarquable don d’ubiquité
- Jean-Yves Paumier : Michel Ragon et Jules Verne
- Henri Copin : Michel Ragon poète / Ma soeur aux yeux d’Asie
Focus
- Henri Copin : Patrick Deville. Un écrivain qui voyage et fait voyager
- Antoine George :
- Vincent Rousseau, un inlassable historien des talents nantais
- Patrick Barbier et la Rome baroque
- Noëlle Ménard : Éric Fonteneau à Madrid
- Jean Amyot d’Inville : Yves-Henri Nouailhat. Les États-Unis, ma seconde patrie
- Roger Tessier :Le labyrinthe obscur ou le Quatuor à cordes n°2
Images
- Malika Pondevie : La couleur du silence
- Olivier Sauzereau : Éclipses aux îles Féroé
Rétroviseur
- Jean-Louis Liters : Gengenbach, le « surréaliste ensoutané » à Nantes
- Ghislaine Lejard :La revue Traces et Claude Serreau.
- Arlette Chaumorcel, Jean-Claude Albert Coiffard : Les mots nous attendaient
- Noëlle Ménard : A la recherche des Bretons de San Lucar de Barrameda
Libre cours à
- Armel Girard-Lamaury : Arsenic et crêpes dentelles
- Paul Morin : Propos du Septentrion
- Jean-François Parot : Les terres du couchant de Julien Gracq
- Paul Louis Rossi : Adelbert von Chamisso, l’homme qui a perdu son ombre
- Michel Germain : Au fil du courant
Francophonie(s)
- Henri Lopès : Le Méridional
- Henri Copin. Contes du Cambodge
Echos d’ici et d’ailleurs
- L’Académie
- Les prix littéraires 2015
- Les livres des académiciens en 2015